Améliorer le bien-être des porcs mâles en élevage bio et rechercher des alternatives à la castration : tels sont les objectifs du projet Farinelli (1), commencé en janvier 2020 pour une durée de 42 mois. Dans ce cadre, six élevages ont été observés pendant un an, afin d’identifier les bonnes pratiques pour la conduite de porcs mâles entiers, et ainsi éviter les carcasses odorantes. Car les testicules produisent de l’androsténone, une molécule contribuant à « l’odeur de la viande du verrat ».
Deux composés chimiques
Un deuxième composé chimique présente le même effet : le scatol. Il est « produit par les bactéries intestinales à partir du tryptophane indigestible », explique l’une de cinq fiches techniques mises à disposition par le projet Farinelli. Or, les hormones sexuelles des mâles et l’androsténone réduisent la dégradation du scatol par le foie.
L’alimentation a donc un rôle important pour limiter la présence d’odeurs dans la viande. « Il faut une bonne santé digestive », appuie Laurent Alibert (2), ingénieur d’étude à l’Ifip. La période de fin d’engraissement est déterminante. « La présence de fibres fermentescibles dans la ration comme l’amidon cru de pomme de terre ou de la chicorée concourt au ralentissement de la production de scatol », poursuit le spécialiste.
Des fourrages grossiers comme le trèfle peuvent aussi être apportés. D’après les observations du projet Farinelli, « un taux de cellulose brut supérieur à 6 % dans l’aliment distribué pendant les deux dernières semaines d’engraissement peut être recommandé ». Avant le départ pour l’abattoir, « une bonne mise à jeun est préconisée, ainsi que de disposer de porcs très propres pour réduire la teneur du tissu gras en scatol ».
Maintenir une litière propre
Une quantité importante du scatol est rejetée dans les fèces. Cette molécule peut ensuite être absorbée par voie cutanée. Pour autant, elle disparaît « en quelques jours s’il n’y a pas de nouveaux apports ». Le maintien d’une litière propre tout au long de la phase d’élevage est donc essentiel. Le paillage doit être régulier. En engraissement, 95 kg de paille par porc sont conseillés. « Il faut un environnement sain, ventilé et pas trop chaud », appuie Laurent Alibert.
L’âge et le poids des animaux à l’abattage sont également des paramètres à surveiller de près pour éviter des carcasses odorantes. « Plus les animaux sont vieux et lourds, plus il y a des risques », rapporte le spécialiste de l’Ifip. Il est à noter que le rendement de carcasse des porcs mâles entiers est toujours inférieur à celui des castrés, en raison du poids de l’appareil génital.
Enfin, pour limiter les risques d’odeurs liés à l’androstérone, le levier génétique peut être activé. « Le piétrain semble bien adapté en lignée mâle, tout comme le croisement largewhite x landrace en lignée femelle, avise Laurent Alibert. Le duroc est intéressant du point de vue qualitatif et gustatif, mais il est moins conseillé pour la production de mâles entiers. »
(1) Piloté par la Fnab, l’Itab et Forebio.
(2) Lors d’une conférence au salon Tech & Bio le 20 septembre 2023.