« Pour limiter la pollution diffuse, les zones tampons humides artificielles (ou ZTHA) qui récupèrent les eaux issues de parcelles drainées sont les plus efficaces, estime Julien Voyé, de l'association Aqui'Brie. Elles sont essentielles sur ce bassin versant de 400 hectares près de Rampillon (Seine-et-Marne), car l'eau s'infiltre directement dans la nappe du Champigny via des “gouffres”. »

Après cinq ans d'échanges avec les agriculteurs, deux petites zones tampons humides artificielles (0,2 ha) ont été créées sur leurs terres et une autre de 0,5 ha a été installée en 2010 sur une parcelle, en amont des gouffres, cédée au Syndicat mixte des quatre vallées de la Brie. « 40 % des écoulements du cours d'eau, où sont évacuées les eaux de drainage, sont interceptés dans la zone tampon avant de rejoindre à nouveau le ru », explique Julien Tournebize, ingénieur hydrologue à l'Inrae, qui suit la qualité de l'eau et la biodiversité sur ce site depuis plus de dix ans.

Polluants dégradés

Des stations de mesures situées en entrée et sortie des zones tampons humides artificielles analysent les effets des bactéries, des végétaux et du soleil sur la dégradation des polluants. « Plus il fait chaud et plus l'eau reste longtemps dans la zone, plus c'est efficace », précise l'ingénieur. Sur un an, le seuil de 50 mg par litre, qui est la norme de potabilité pour les nitrates, est dépassé : 220 jours en entrée de la zone, contre seulement 70 jours en sortie. La quantité de nitrates entre l'entrée et la sortie de la zone est réduite de 11%.

Concernant les produits phytosanitaires, « même si seul 0,1% de 1,7 kg/ha/an de produits appliqués ici en moyenne se retrouve dans les eaux drainées, les concentrations à l'entrée de la zone sont souvent supérieures à la norme de potabilité. » La réduction des phytos entre l'entrée et la sortie de la zone varie de 25 à 55 % selon les années, avec une moyenne de 37 % sur trois ans.

Les molécules sont plus ou moins sensibles à la dégradation : la diminution est de 29 % pour les herbicides, de 57 % pour les fongicides et de 10 % pour les insecticides. Pour Julien Tournebize, « si l'efficacité des ZTHA à réduire les flux de polluants est bien réelle, elle reste variable selon les années. Les zones tampons constituent donc un moyen complémentaire à développer pour diminuer les pollutions dans l'environnement. »