En Allemagne, la représentation du monde agricole suit la tradition syndicale du pays : dans chaque branche domine souvent un seul acteur. Le syndicat majoritaire DBV fédère 85 % à 90 % des quelque 275 000 exploitants, via sa quarantaine d’organisations. Le chiffre est moins élevé en ex-RDA où le syndicalisme, en général, fait moins recette. Le nombre de membres, suivant la démographie de la profession, est en repli.
Jan-Henrik Schöne, éleveur laitier de 29 ans, chérit « les avantages d’une fédération importante, établie depuis longtemps » et « qui parle pour tous ». Son rôle doit être de remédier « aux problèmes de compréhension avec la société », à un moment où l’agriculture a mauvaise presse, estime-t-il.
Comme la FNSEA en France, le syndicat majoritaire allemand offre à ses membres des avantages matériels, propose des services et de multiples réductions. « De nombreux agriculteurs profitent de ces offres, par exemple pour les assurances ou la fourniture en énergie », témoigne Jan-Henrik.
Fidèle à la tradition familiale, il a rejoint il y a trois ans le Landvolk, l’antenne du DBV en Basse-Saxe. En tant que producteur de lait, il aurait eu le choix : il existe une organisation concurrente, le BDM. Mais il trouve son approche trop « bravache ». Créé en 1998, le BDM se distingue par des actions spectaculaires, monnaie courante en France, mais plutôt rares outre-Rhin. Portée par les crises successives du secteur, l’organisation défend un prix « décent » du lait. Elle revendique dans ses rangs entre un tiers et un quart des éleveurs et s’oppose au syndicat majoritaire qui, selon Frank Lenz, membre du directoire du BDM, défend « les intérêts des laiteries orientées vers l’export ». Johanna Riecken, une autre jeune membre, estime « plus ouverte » l’approche du petit syndicat sur des problématiques comme le climat ou le bien-être animal. Mais la prise de conscience est « difficile pour les jeunes, regrette Frank Lenz. Elle va à l’encontre des enseignements dispensés dans les formations agricoles… »
De notre correspondant,Luc André