Les bandes ultraflexibles IF (Increased flexibility ou flexibilité augmentée) et VF (Very improve flexibility) constituent l’innovation majeure de ces dernières années dans le domaine des pneumatiques agricoles. Avec une carcasse traditionnelle, la pression de gonflage doit être régulièrement ajustée. La plupart des tracteurs ne sont pas encore équipés de télégonflage et pour s’affranchir de la corvée d’adaptation de la pression, beaucoup d’agriculteurs se basent sur l’utilisation la plus exigeante. C’est donc souvent la pression routière qui est choisie, au détriment de la capacité de traction au champ, en particulier en conditions difficiles.

Néanmoins, les pneumatiques IF et VF rebattent les cartes. Ils se caractérisent par une plus grande capacité de flexion de leurs flancs. Selon Sylvain Deseau, de la chambre d’agriculture du Loiret, la carcasse IF permet d’augmenter la capacité de charge du pneu de 20 % tandis que la VF l’accroît de 40 %. Pour les manufacturiers, l’emploi de ce type de pneumatiques supprime le besoin d’adapter la pression en fonction de la vitesse. En revanche, il faudra toujours l’ajuster par rapport à la charge.

Autre bénéfice, comme le pneu possède une meilleure capacité de déformation, il effectue une empreinte au sol plus grande, ce qui diminue le tassement. Les carcasses IF ne travaillent pas à faible pression et il est difficile de descendre en dessous de 0,8 bar. En revanche, il est possible d’atteindre des pressions beaucoup plus basses en VF. Certains agriculteurs osent descendre à 0,5 bar.

Des abaques incomplets

Ce surcroît de performance a un coût, estimé entre 15 et 20 % selon les dimensions. Parmi les autres investissements, il faut prendre en compte la nécessité de changer ou de modifier la jante. En effet, les carcasses IF et VF ont besoin d’un serrage minimum sur celle-ci. Si les VF et IF se sont démocratisés ces dernières années, les abaques de charge fournis par les fabricants n’ont pas toujours suivi et les agriculteurs manquent de références. Le principal problème est que les abaques de pression et de charge sont conçus pour des vitesses supérieures à 65 km/h, voire 50 km/h. Très peu d’entreprises se sont penchées sur le cas des agriculteurs français qui ne roulent jamais au-delà de 40 km/h. Pour justifier cette lacune, elles se réfugient derrière la norme de l’ETRTO (Organisation technique européenne du pneu et de la jante), qui n’exige qu’une information pour 65 km/h.

Pas de mixage

L’autre écueil avec ces nouvelles carcasses est l’impossibilité de mixer les technologies, par exemple avec un pneu standard à l’avant et du VF à l’arrière. En effet, les capacités de déflexion, c’est-à-dire de modification de la trajectoire, sont très nettement supérieures sur le VF, ce qui entraîne une circonférence de roulement différente. En panachant les carcasses, le chauffeur prend un risque pour sa sécurité.