Effondrement du marché et concurrence exacerbée des produits asiatiques composent un cocktail explosif qui pourrait bien avoir raison des pneumatiques agricoles européens. Au début d'avril 2024, l’allemand Continental a décidé de jeter l’éponge et de cesser la production des pneus agricoles dès la fin de l’année 2025. Son usine portugaise de Lousado venait pourtant de bénéficier d’une importante mise à niveau. Les représentants du manufacturier ont notamment évoqué un marché de la seconde monte devenu inaccessible face à la concurrence indienne et des ventes en première monte de plus en plus compliquées.

L’usine Michelin au ralenti

La fin de l’aventure agricole de Continental n’est que la partie émergée de l’iceberg. Dans ce marché bousculé, tous les regards se tournent désormais vers Michelin, le fleuron français du pneumatique agricole. Et les nouvelles ne sont pas bonnes. Le 18 mars dernier, lors de son audition au Sénat dans le cadre de la commission d’enquête sur les aides aux grandes entreprises, Florent Menegaux, le PDG de Michelin, n’a pas caché son inquiétude concernant l’avenir de la branche agricole.

« Le marché agricole s’est effondré. Le site de Troyes, qui produit ces pneumatiques est en ce moment très largement sous-chargé, à moins de 50 %, rapporte Florent Menegaux. L’Europe laisse rentrer sur le marché des pneus indiens sans aucune contrepartie. Mais nous, nous n’avons pas le droit de vendre nos pneumatiques en Inde, nous sommes soumis à des licences d’importation. Il faut réfléchir à ce qui est en train de se passer. Nous avons perdu en France des parts de marché très importantes dans les produits agricoles, donc notre usine n’est plus assez chargée et nous faisons tout pour essayer de la maintenir. »

Florent Menegaux, PDG de Michelin, a alerté les sénateurs sur la situation précaire de l'usine de pneumatiques agricoles de Troyes. (©  Sénat)