En 2024, les adhérents de Phyteis, l’organisation professionnelle qui fédère 18 entreprises commercialisant des solutions de protection des cultures à usage agricole, ont vendu 50 054 tonnes de substances actives à la distribution en France, indique l’organisme dans un communiqué le 24 novembre 2025. L’année 2024 marque « une rupture », observe Phyteis. Alors que les ventes de substances conventionnelles et celles utilisables en agriculture biologique suivaient jusqu’alors des « dynamiques similaires », « pour la première fois, leurs trajectoires divergent ».

Les ventes de substances phytosanitaires conventionnelles ont reculé de 5 % entre 2023 et 2024 (33 329 tonnes vendues en 2024 contre 34 329 tonnes en 2023), tandis que celles des substances utilisables en agriculture biologique ont augmenté de 23 % en un an (16 725 tonnes vendues en 2024 contre 13 561 tonnes en 2023). Pour les produits conventionnels, il s’agit d’une « inflexion historique des ventes, dans un contexte climatique complexe (sécheresse, pluies régulières, gel…) », estime l’organisme.
L’objectif de –50 % fixé par Ecophyto se rapproche, selon Phyteis
Entre 2008 et 2024, les ventes totales en volumes de substances phyto ont baissé de 36 %. Dans le détail, les ventes des produits conventionnels ont reculé de 44 % (59 668 tonnes en 2008 contre 33 329 tonnes en 2024) et celles des produits utilisables en agriculture biologique de 12 % (18 910 tonnes en 2008 contre 16 725 tonnes en 2024). Selon Phyteis, les objectifs de 2008 d’Ecophyto sont « proches d’être atteints ».
Pour l’organisation, ces chiffres confirment « la transformation d’un modèle de protection des cultures » et traduisent « la consolidation d’un modèle raisonné et de mieux en mieux ciblé ». Elle associe cette dynamique à la « montée en puissance des solutions combinatoires ». Parmi ces dernières : l’agronomie digitale, les produits conventionnels, le biocontrôle et les biostimulants, et les biotechnologies. Sans oublier les outils d’aide à la décision qui « permettent aux agriculteurs de piloter leurs interventions de manière plus fine et efficace ».
Des leviers réglementaires pour favoriser l’innovation
Phyteis précise que cette approche combinatoire « doit être accompagnée par un environnement réglementaire favorisant l’innovation et la poursuite du développement des technologies et solutions de demain. »
Pour cela, l’organisme cite plusieurs leviers d’action, comme :
- Encourager les synergies entre recherche publique, recherche privée et acteurs de terrain, fluidifier les procédures (reconnaissance mutuelle, renouvellement des substances…) ;
- Instaurer une zone européenne unique d’évaluation pour le biocontrôle, avec reconnaissance mutuelle automatique ;
- Mettre en place une évaluation des risques proportionnée, prédictible et adaptée aux propriétés des produits (notamment ceux issus du biocontrôle) ;
- Adopter une définition européenne du biocontrôle ;
- Réinstaurer la possibilité d’autorisations provisoires de vente pour accélérer la mise sur le marché des innovations.