Un an après le lancement d’Ecophyto 2030, le comité d’orientation stratégique et de suivi (Cos) du plan s’est réuni le 13 mai 2025. L’objectif, d’après les services des ministères chargés de l’Agriculture, de l’Environnement et de la Santé : « réaffirmer l’engagement des ministres » sur ce dossier. Faisons le point sur trois chantiers de cette nouvelle version de la stratégie gouvernementale de réduction de l’usage des produits phytopharmaceutiques et des risques.

1. La question sensible des indicateurs

Le changement de l’indicateur de référence de suivi du plan Ecophyto 2030 continue d’être décrié par plusieurs organisations environnementales, dont Générations futures. Dans un rapport commandé par le gouvernement, présenté lors du Cos et publié ce 13 mai, l’Inrae propose deux perspectives d’évolution du HRI1 :

  • Faire évoluer l’indicateur HRI1, notamment en empêchant de recalculer les séries historiques au gré des interdictions de molécules. Ce recalcul « donne en effet une vision très optimiste » de la situation, estime l’Inrae ;
  • Construire un nouvel indicateur de risque agrégé prenant en compte l’écotoxicité des substances actives. L’Inrae souligne toutefois la « complexité d’évaluation » des risques écotoxicologiques.

L’Inrae recommande par ailleurs le suivi d’un « ensemble d’indicateurs complémentaires permettant d’éclairer d’autres dimensions qu’un indicateur agrégé seul ne permet pas de décrire ». L’institut mentionne le maintien du suivi du Nodu, du dispositif des CEPP, de l’usage des produits classés CMR 1 et 2. Il suggère aussi « d’initier une réflexion, aux échelles nationale et européenne, sur la manière de mieux tenir compte des effets des co-formulants ».

2. Des diagnostics et plans d’actions territoriaux

Bourgogne-Franche-Comté, Nouvelle-Aquitaine, Réunion, et Guadeloupe : ces quatre régions ont démarré un travail de diagnostics de territoire. L’objectif, explique le Gouvernement, est d'« identifier des zones à enjeux prioritaires », puis de construire des « plans d’actions territoriaux et régionaux, qui pourront retenir des objectifs de baisse différenciés selon les zones et les cultures ».

Les premiers retours de ces travaux sont attendus au début de l’été 2025. Les autres régions pourront se saisir de ces éléments « pour réaliser les diagnostics d’ici la fin de l’année ».

3. Un focus sur l’exposition de la population aux phytos

Caractériser l’exposition de la population aux produits phytosanitaires fait également partie des grands enjeux. La large étude Albane, qui vise à évaluer la santé de la population française et son exposition aux substances chimiques, devrait rendre ses premières conclusions en 2027-2028. Les enseignements de l’étude PestiRiv, qui caractérise l’exposition aux pesticides des personnes vivant près de vignes, seront connus en 2025.

Les services du ministère de la Santé indiquent qu’un « dispositif [national] d’information et de signalement des expositions aux pesticides pour les riverains » sera déployé courant 2025. Des dispositifs de la sorte ont été expérimentés en Pays de la Loire, Nouvelle-Aquitaine et Bretagne et ont « plutôt été accueillis positivement ».