Un rapport du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER), en charge d’évaluer et d’auditer en interne les politiques publiques pour la ministre de l’Agriculture, recommande des évolutions du conseil stratégique à l’utilisation des produits phyto. Bien qu’il vienne d’être rendu public le 1er décembre 2025, ce rapport du CGAAER a été rédigé en juin 2024.
C’était quelques mois après l’annonce du gouvernement de réformer le conseil stratégique phytosanitaire en supprimant son caractère obligatoire pour la délivrance des phytos. Le ministre de l’Agriculture avait alors demandé au CGAAER en avril 2024 de « définir les contours d’un nouveau conseil stratégique facultatif ». Un des objectifs du gouvernement : rendre ce conseil stratégique plus simple d’accès, suite à un constat d’échec sur le terrain.
« Le Certiphyto joue un rôle central »
Le CGAAER met tout d’abord l’accent sur le rôle central que peut jouer le Certiphyto dans l’évolution d’un conseil stratégique volontaire. Il recommande que le volet formation du Certiphyto soit renforcé afin de « sensibiliser les agriculteurs aux enjeux de la transition écologique et les inciter à aller plus loin en s’appuyant sur un dispositif de conseil rénové ».
Il souligne aussi l’importance d’un nouveau dispositif qui parte du besoin des agriculteurs de disposer d’un conseil « du quotidien ». Le CGAAER définit ce conseil « du quotidien » comme cherchant à « résoudre les problèmes concrets et immédiats de l’exploitant, avec une entrée agronomique tenant nécessairement compte des enjeux économiques ». Un conseil qui ne se limiterait pas aux problématiques des phytos.
Ce conseil serait prodigué par « les conseillers ou techniciens auxquels l’agriculteur a régulièrement affaire » comme les chambres d’agriculture, les coopératives, entreprises de négoce, Ceta, etc. Car c’est « l’adhésion à de telles structures collectives qui peut constituer l’élément déclencheur pour inciter l’agriculteur à s’engager dans les transitions », estiment les rapporteurs. Certaines de ces structures peuvent en outre assurer la prise de risque inhérente aux transitions, avec des prix majorés et des garanties de débouchés via la contractualisation.
100 000 agriculteurs volontaires, une cible « très ambitieuse »
Les experts du CGAAER préconisent en parallèle une « montée en gamme » du conseil stratégique phytosanitaire, avec plus de conseillers et qui soient davantage formés. Il s’agit là, selon eux, d’un préalable pour que l’agriculteur perçoive l’utilité d’un conseil stratégique et choisisse de s’y engager. Ils estiment qu’un objectif de 100 000 agriculteurs sur trois ans constitue une cible « déjà très ambitieuse ». Cet objectif présenté par Chambres d’agriculture France représenterait 50 millions d’euros sur trois ans.
Enfin, le CGAAER recommandait, en juin 2024 lors de la rédaction du rapport, « un cadre juridique souple, facilement adaptable aux besoins du terrain » pour une réforme du conseil stratégique à l’utilisation des produits phytopharmaceutiques.
Le conseil stratégique dans la loi Duplomb
La majorité des décrets d’application de la loi Duplomb visant à « lever les contraintes à l’exercice du métier » sont prévus pour parution entre février et août 2026, selon l’échéancier de l’Assemblée nationale. L’un des premiers décrets planifié concerne le conseil stratégique à l’utilisation des produits phytopharmaceutiques. Un autre décret, prévu également en février 2026, fixe les compétences nécessaires relevant d’un conseiller en agronomie chargé d’assurer le conseil stratégique global.
La loi Duplomb met par ailleurs fin à la séparation du conseil et de la vente des produits phyto pour les distributeurs. Elle a été promulguée en août 2025 c’est-à-dire après la rédaction du rapport du CGAAER en 2024 qui s’est aussi penché sur ce dispositif. Les experts du CGAAER proposaient une adaptation de la séparation du conseil et de la vente, après avoir déjà alerté en 2023 sur les « problèmes de conception » dont souffrait le dispositif.