En 2022, le chiffre d’affaires des adhérents de Phytéis a grimpé de 30 % sur un an. « Principalement du fait de l’inflation, mais aussi d’une anticipation des achats des distributeurs par crainte de pénuries », a indiqué Emmanuelle Pabolleta, directrice générale de l’organisation, lors de la conférence de presse annuelle de Phytéis organisée le 23 février 2023.

Mais sur le long terme, la tendance est bien à la baisse des ventes de produits phytosanitaires. Le mix des produits évolue lui aussi, avec une part des biosolutions qui gagne progressivement du terrain (biocontrôle, biostimulants).

Pour apporter des réponses efficaces sans laisser d’impasses techniques tout en réussissant la transition écologique, Phytéis prône une « [libération] de l’innovation ». En 2022, ses dix-huit entreprises adhérentes ont ainsi réinvesti 11 % de leur chiffre d’affaires, soit 275 millions d’euros, dans la recherche et l’innovation, a souligné sa directrice.

© Raphaëlle Borget / GFA - Emmanuelle Pabolleta, directrice générale, et Bruno Baranne, président, présentaient le 23 février les ambitions de Phytéis pour 2023.

« Pas d’interdiction sans solution »

« Aujourd’hui, 38 % des usages ne sont pas pourvus en solution de protection [phytosanitaire], et 25 % ne sont couverts que par une seule et unique solution, ce qui peut générer des résistances », a rappelé Bruno Baranne, président de Phytéis.

« Il y a dix ans, 39 % des usages étaient non pourvus, et 28 % l’étaient bien, contre 13 % aujourd’hui », a précisé Ronan Vigouroux, responsable environnemental. C’est pourquoi l’organisation soutient l’absence d’interdiction sans solution, par une combinaison de plusieurs leviers, présentés par Emmanuelle Pabolleta et Philippe Michel, directeur des affaires réglementaires et juridiques :

  • Une cohérence entre le pas de temps réglementaire et celui de la recherche ;
  • La fin de la surtransposition des règlements européens avec des interdictions franco-françaises ;
  • La mise en place d’une évaluation, usage par usage, plutôt qu’une interdiction totale de la molécule. Une méthode déjà existante dans le règlement communautaire pour les molécules candidates à la substitution ;
  • La mise en place d’un cadre favorable à l’innovation ;
  • L’ajout de conditions d’usage (matériel spécifique…) pour conserver ou homologuer certaines substances, comme porté dans le règlement européen SUR pour une utilisation durable des pesticides.

Phytéis appelle par ailleurs à une simplification de la réglementation sur le biocontrôle.

Travaux en cours

Phytéis a présenté trois axes de travail qui l’occuperont en 2023. La participation à la création d’une base de données européenne d’abord, nommée DLC, pour « digital label compliance » (conformité de l’étiquette numérique). Elle a pour vocation de fournir aux agriculteurs des données réglementaires qu’ils pourront intégrer dans leur gestion des traitements. Un chantier déjà bien avancé côté français.

Les systèmes de transfert fermé, pour la protection des utilisateurs, seront progressivement déployés en 2023 et 2024 avec la modification des lignes de production. Enfin, Phytéis soutient une approche « combinatoire » pour la protection des plantes, alliant des solutions digitales, de biocontrôle ou encore d’amélioration variétales.

En 2023, sont également attendus le pacte et la loi d’orientation agricole et d’avenir agricoles, le règlement européen pour une utilisation durable des pesticides (SUR) et le projet européen pour l’encadrement de la commercialisation d’organismes issus des nouvelles technologies d’édition du génome (NBT), a rappelé l’organisation.