« Je sais qu’il y en a qui voudraient qu’on interdise tout du jour au lendemain, a lancé Emmanuel Macron interrogé lors d’un débat citoyen hier, le 24 janvier 2019, à Bourg-de-Péage (Drôme). Je vous dis : un, pas faisable et ça tuerait notre agriculture. Et même en trois ans on ne fera pas 100 %, on n’y arrivera, je pense, pas », a-t-il déclaré, encourageant les « productions alternatives » pour ne plus utiliser cet herbicide.

« On a réussi à faire bouger beaucoup de gens »

« Et de l’autre côté, il y en a qui ne voulaient pas bouger du tout, ajoute-t-il. On a réussi à faire bouger beaucoup de gens. » Et de rappeler qu’un « contrat de confiance » allait être signé. « On va évaluer et on va aider ceux qui bougent », a-t-il assuré. Le débat sur la potentielle dangerosité du glyphosate a été relancé récemment par l’annulation en justice d’une autorisation de mise sur le marché du Roundup Pro 360.

 

« Il a été montré qu’il y a des doutes, reprend Emmanuel Macron. Il n’y a aucun rapport indépendant ou pas indépendant qui a montré que c’était mortel. » Mais « à partir du moment où je pense que c’est pas bon, j’ai envie qu’on s’en sépare. Il y a des secteurs où il y a des alternatives. Il faut au maximum avoir des alternatives non chimiques et en s’organisant autrement », a-t-il plaidé.

 

En novembre 2017, l’Union européenne avait renouvelé son homologation pour cinq ans, mais Emmanuel Macron s’est engagé à l’interdire en France d’ici à 2021. « L’Europe voulait nous remettre 15 ans d’autorisation. C’est parce que la France s’est battue qu’on a obtenu cinq ans » pour sortir du glyphosate dans l’Union européenne, a-t-il souligné.

« Cette déclaration sonne comme un renoncement »

Générations futures a immédiatement réagi aux déclarations du président de la République. « Après le refus de l’inscription dans la loi [mise en place après les États-généraux de l’alimentation, NDLR], cette déclaration sonne comme un renoncement à un réel objectif de sortie du glyphosate qui n’est pas acceptable », lance l’ONG. Et d’ajouter que, de son point de vue, la décision du tribunal de Lyon concernant le Roundup 360 Pro « rend la sortie du glyphosate plus nécessaire que jamais ».

 

« Comment dire aujourd’hui que cet objectif ne sera pas réalisable dans 3 ans alors même que l’Inra reconnaît que des solutions existent déjà pour au moins 90 % des situations ? » argumente Générations futures, avant de lui demander « de revenir sur ses déclarations en réaffirmant l’objectif de sortie complète du glyphosate sous 3 ans et en annonçant les moyens nécessaires au développement des techniques et itinéraires techniques permettant l’atteinte de cet objectif. »

 

De son côté, la Confédération paysanne « réaffirme qu’il y a urgence à sortir des pesticides qui, années après années font mourir les paysannes et paysans et continuent de creuser le fossé entre notre profession et le reste de la société. Le Président Macron a déclaré hier, dans un exercice de communication d’autopromotion, que ce ne sera pas possible, finalement, de sortir à 100 % du glyphosate en trois ans, à cause… des importations. Nous, nous lui disons que c’est possible ! »

 

Le syndicat met l’agronomie en avant comme outil qu’il porte « pour réduire l’utilisation des pesticides de synthèse. La généralisation de l’usage des pesticides est le symptôme d’un modèle agricole fondé sur le libre-échange, entraînant une compétition acharnée sur les coûts et les prix. Sortir des pesticides présuppose donc une transformation de la condition économique faite aux paysan-ne-s, qui fait des pesticides une béquille au revenu. »