La radulanine A, substance produite par une famille de mousses, serait-elle une solution de substitution au controversé glyphosate ? C’est ce qu’indique l’étude menée par le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), l’École polytechnique et Sorbonne Université, publiée dans Chemistry : A European Journal, le 29 avril 2019.
Constatant des similarités de structure entre la radulanine A et une autre molécule naturelle inhibitrice de la germination des graines et de la croissance des plants, les chercheurs ont eu l’idée d’effectuer des tests sur semis d’Arabidopsis thaliana (arabette), une plante modèle considérée comme adventice. Les résultats démontrent des effets phytotoxiques après 24 heures, avec un effet persistant après 120 heures, à une dose active proche de celle du glyphosate.
Voie phytopharmaceutique envisagée
Si les potentiels effets toxiques de la radulanine A sur l’homme et l’environnement restent encore à évaluer, la molécule pourrait avoir un impact environnemental plus faible que les herbicides de synthèse actuellement utilisés. « Un tel composé, relativement simple, constituerait une nouvelle voie phytopharmaceutique », conclut l’étude.
Une demande de brevet a été déposée. Bastien Nay, chercheur du CNRS au Laboratoire de synthèse organique de l’École polytechnique a, par ailleurs, confié aux Échos avoir été « contacté par des industriels pour étudier la faisabilité de la production à grande échelle de la radulanine A. »
La molécule étant difficile à extraire en grande quantité à partir de sa source naturelle, la chimie de synthèse s’avère être un moyen de la rendre facilement disponible.
Justine Papin