La procédure est simple : prendre une photographie d’un champ traité avec un herbicide total, créer un compte, puis renseigner la position géographique du champ. Sans ironie, l’association propose même de cocher une case pour attester que le photographe a reçu le consentement du propriétaire pour pénétrer sur la parcelle. En italique, au bas de la note, Eaux et Rivières prévient toutefois les volontaires. « Ne prenez pas de risques ! L’association se désengage en cas d’accident. »

 

Thierry Coué, président de la FRSEA Bretagne, a découvert cette initiative chez nos collègues d’Ouest-France, sous le titre « Être une sentinelle de la nature ». Et l’angle de l’article, comme le projet, suscite chez lui une profonde colère. « C’est fini le temps de la soumission ! Il ne faut plus tolérer ce genre de chose, et les pouvoirs publics doivent réagir ! »

 

Un appel à la violence

Le ministre de l’Agriculture, lors de la clôture du congrès de la FNSEA hier, dénonçait justement les stigmatisations dont sont fréquemment victimes les agriculteurs. « J’ai bien entendu Didier Guillaume, souligne Thierry Coué, les agriculteurs sont des citoyens comme les autres, et ils n’ont pas à être l’objet de la vindicte populaire. »

 

Pour Thierry Coué, c’est peut-être par désœuvrement que l’association s’est lancée dans ce nouveau projet. « Leur fonds de commerce, c’étaient les nitrates, et comme les agriculteurs ont très bien travaillé sur ce sujet, ils rebondissent sur les herbicides. »

 

Le président du syndicat régional a contacté la préfète, qui, pressée, n’a pas encore donné suite à ses demandes. « C’est une situation anormale, s’indigne Thierry Coué. Avec ces photos, l’association ne veut même pas faire progresser les gens, il ne s’agit que de dénoncer. Nous considérons que c’est un appel à la violence, et nous irons au tribunal. »

 

Les agriculteurs qui surprendraient des photographes dans leurs champs sont invités à se rapprocher de leur syndicat.