Après un été marqué par le matraquage médiatique du maire de Langouët et son arrêté « anti-pesticides », près de 80 personnes ont répondu ce 4 septembre 2019 à l’invitation du maire de Laillé, commune rurale de plus de 5 000 habitants située au sud de Rennes. Le sujet des produits phytosanitaires est particulièrement sensible dans le département et en Bretagne compte tenu de la densité de population et de l’habitat dispersé.
Élections municipales en vue
Interpellés par la population et par les agriculteurs, avec des questions légitimes et justifiées, qui se font plus pressantes à l’approche des élections municipales, les maires se sentent désarmés. D’où l’initiative du maire de Laillé, Pascal Hervé, d’ouvrir le débat dans un climat volontairement « apaisé » trouvant inadmissible « de monter les populations les unes contre les autres ».
« Je ne suis pas calé pour déterminer quelle est la bonne distance d’épandage, s’il y a des produits plus nocifs que d’autres, reconnaît l’élu. Nous avons besoin d’un comité scientifique pour travailler sur le sujet. L’erreur est de laisser des maires régler ce problème au cas par cas avec des décisions très différentes selon les groupes de pression locaux. Le gouvernement doit prendre ses responsabilités et mettre en place un règlement standard. Et ensuite les collectivités locales pourront travailler avec les agriculteurs pour avancer. »
Expressions des points de vue
Chacun a pu livrer son point de vue, après un exposé préalable du BRGM, le Bureau de recherches géologiques et minières, venu poser les bases scientifiques sur les produits phytosanitaires, leur homologation et leurs mécanismes de dispersion dans l’environnement. « Je ne fuis pas le débat, je ne le nie pas », a affirmé Loïc Guines, le président de la chambre d’agriculture tout en « demandant de l’élargir ».
« C’est l’ensemble de la société qui est concerné par l’utilisation de la chimie (médicaments, produits ménagers…), poursuit le président de la chambre d’agriculture. Les agriculteurs n’ont pas attendu le ramdam de cet été pour travailler sur la réduction des pesticides au travers du travail conduit dans les stations d’expérimentation et par les organismes techniques et groupes d’agriculteurs… » Comme les plans Ecophyto.
Un argument que René Louail, le représentant du collectif des victimes des pesticides de l’Ouest, balaie. Il souhaiterait « qu’un comité scientifique indépendant puisse évaluer les questions de la distance avec des recommandations incontestables ».
Réponse de Christian Mochet, de la FDSEA de l’Ille-et-Vilaine : « Je crois plus à une réduction globale des produits phyto et à une meilleure utilisation qu’à des questions de distances qui ne vont pas résoudre le problème. » Le syndicat propose une charte d’application des produits phytosanitaires tripartite entre maire, citoyen agriculteur.
Quant au représentant de la Confédération paysanne, il a rappelé son souhait d’une sortie des « pesticides de synthèse », mais avec un nécessaire accompagnement des agriculteurs. « Ils doivent vivre de leur métier et avoir un revenu décent car ils produisent de l’alimentation pour l’ensemble de la population. La Pac qui se prépare doit aller vers une autre répartition des aides Pac pour en tenir compte », a suggéré Charlotte Kerglonou-Meunier.