« Je comprends les craintes lorsqu’elles sont fondées, a répondu Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA, à Alexandra Bensaid, la journaliste qui anime l’émission On n’arrête pas l’éco. Les Français qui ont fait des analyses ont tous du glyphosate dans les urines. Tous les agriculteurs […] qui font des analyses, 18 dans le Morbihan, je l’ai moi-même faite, zéro glyphosate ; pourtant j’habite à la campagne au milieu des champs. »

 

« Aujourd’hui, il y a polémique sur le type d’analyse, poursuit Christiane Lambert. Soyons sérieux ! Si on choisit la bonne [méthode, NDLR], on est sûr de trouver des traces, avec l’autre non. C’est un débat de scientifiques, mais il y a eu beaucoup d’exagération sur le sujet. Je comprends l’inquiétude. Notre priorité est de pouvoir faire notre métier d’agriculteurs, de pouvoir cohabiter avec nos voisins, dans 95 % des cas, cela se passe très bien. »

Des pratiques plutôt que des distances

« Il y a eu une polémisation pour dire il faut 150 mètres pour protéger. Il n’y a aucune donnée scientifique qui prouve que 150 mètres est la bonne distance. Le directeur de l’Anses (1) l’a lui même rappelé. Il faut faire confiance aux scientifiques. Et je pense que ce ne sont pas les distances qui régleront le problème mais davantage les pratiques », assure la présidente de la FNSEA, citant des mesures mises en place depuis 2015 pour protéger les écoles.

 

« Qu’on puisse l’extrapoler et l’appliquer davantage pour nos riverains, oui, mais ce ne sont pas des distances, mais davantage des pratiques, des horaires, des outils de protection, des équipements particuliers… Et que vont devenir ces surfaces si on enlève 15 % ou même 5 % aux agriculteurs ? Qui va prendre en charge ? Il n’y a rien de prévu pour ça. Je pense qu’il faut aborder le sujet dans son ensemble. Nous, nous sommes prêts à débattre mais sur des données fiables et scientifiques. »

Nouvelles plaintes à La Rochelle

Après une première série de plaintes au cours des derniers mois, neuf militants écologistes ont saisi la justice le 4 octobre 2019 après des analyses pratiquées sur leurs urines. Ces plaintes déposées au tribunal de grande instance de La Rochelle (Charente-Maritime) visent des faits de « mise en danger de la vie d’autrui », « tromperie aggravée » et « atteinte à l’environnement » et ciblent les instances européennes et les fabricants de pesticides.

 

« Nous avons dépassé les 5 400 analyses et déjà près de 2 500 ont donné lieu à des dépôts de plaintes », a indiqué Dominique Masset, cofondateur de Campagne Glyphosate. Les militants demandent des poursuites contre tous les responsables en activité de firmes fabriquant des produits à base de glyphosate, et les responsables d’organismes ayant contribué à leur mise sur le marché, entre le troisième trimestre de 2017 et premier trimestre de 2018.