Cet après-midi, le 9 janvier 2020, lors de son audition par la mission sur la sortie du glyphosate à l’Assemblée nationale, Didier Guillaume, le ministre de l’Agriculture, a balayé large. Il ne s’est pas limité au sujet du glyphosate, élargissant souvent son intervention à tous les produits phytosanitaires, répétant la position du gouvernement en la matière.
« Un enjeu majeur pour notre pays »
« La réduction des produits phytopharmaceutiques constitue un enjeu majeur pour notre pays, lance-t-il en préambule. Cet enjeu majeur est porté fortement par le gouvernement, et je le porte moi-même de toutes mes forces. J’ai déjà eu l’occasion de le dire : la transition agroécologique est en marche et est irréversible. Il faut que les choses soient claires, soient dites. »
La transition agroécologique est en marche et est irréversible
Didier Guillaume, ministre de l’Agriculture devant la mission parlementaire de sortie du glyphosate
« Changer les pratiques »
Aucun doute pour le ministre. « Nous devons changer les pratiques, faire évoluer notre agriculture, répondre aux attentes de la société. Bien au-delà des attentes de la société, nous devons répondre aux attentes des agriculteurs qui ne souhaitent pas eux-mêmes utiliser beaucoup de produits phytopharmaceutiques, et qui sont pour la plupart engagé dans cette transition. »
Ces propos, le ministre les justifient par la montée en puissance de l’agriculture biologique. « Nous sommes maintenant à 10 % des exploitations agricoles françaises en bio. Nous sommes à 7 % de surfaces en bio. Je veux tordre le cou à un premier point : les agriculteurs, les filières agricoles, le monde agricole n’a pas les deux pieds sur le frein pour cette transition. »
Et quels arguments Didier Guillaume oppose-t-il à ceux qui trouvent que la transition n’est pas assez rapide. Que « c’est compliqué peut-être d’aller plus vite pour certains. […] Je veux le redire, le temps de la campagne, le temps des saisons, le temps de semer n’est pas les temps des réseaux sociaux. Et il faut avoir ça en tête. Mais cette transition est absolument irréversible. »
« Nous n’attendons pas la réglementation européenne »
Revenant sur les objectifs fixés par le président de la République, Didier Guillaume s’est défendu d’attendre la réglementation européenne. « Les demandes sont fortes, mais il ne s’agit pas d’interdire les pesticides du jour au lendemain. Non, nous n’attendons pas la réglementation européenne, […] mais nous ne laisserons pas des filières ou des secteurs sans solution. »
Didier Guillaume répète qu’il veut tout faire pour que « cette transition environnementale n’ait pas un impact économique tel qu’elle remette en cause des filières ou des exploitations agricoles entières. Ce n’est pas ce que veut le gouvernement. Les engagements pris par le président de la République seront tenus. Le glyphosate sera interdit pour une majorité d’usages d’ici à la fin de 2020. »
Le glyphosate sera interdit pour une majorité d’usages d’ici à la fin de 2020
Didier Guillaume, ministre de l’Agriculture devant la mission parlementaire de sortie du glyphosate
Tous les produits dans le collimateur
Et d’ajouter que le glyphosate n’est pas la seule cible du gouvernement. « Nous devons absolument en plus du glyphosate, nous passer de la dépendance aux produits phytopharmaceutiques dans leur ensemble. Et demain, il s’agira de se passer des herbicides chimiques. L’objectif du gouvernement de mois 50 % de produits phytosanitaires en 2025 est toujours là. »
Rebondissant sur la récente mise place des ZNT, le ministre est revenu sur « la possibilité avec du matériel agricole, de l’agroéquipement, des buses antidérive, avec du matériel un peu moderne, d’utiliser 60, 70, 80, 90 % de produits phytosanitaires, de glyphosate en moins. Est-ce que ce matériel doit être aidé par des aides publiques afin que les agriculteurs les viticulteurs puisse l’acquérir de façon collective ? »
Aider à l’investissement dans le matériel
« Est-ce qu’en faisant cela, on donne un signal qu’il faut encore continuer à épandre parce qu’on finance du matériel, ou est-ce que plutôt on donne un signe qu’en finançant ce nouveau matériel, et donc en mettant les autres de côté, on va utiliser 80 % de moins de produits phytosanitaires ? Je pense qu’il faut tenir les deux bouts de la chaîne. »
« Je pense que si nous arrivons à aider une filière d’agroéquipement à aider à l’acquisition de matériel de buses antidérive, de matériels avec les satellites et tout ça, nous pourrions utiliser beaucoup moins de produits phytosanitaires et aller beaucoup plus facilement à la sortie du glyphosate. »