Les souches de septoriose résistantes aux triazoles ont fortement progressé en 2016. Et le sud de la France n’est plus épargné (voir cartes). C’est ce qui ressort des essais du réseau Performance conduits par quarante partenaires dans seize zones céréalières. La fréquence des souches TriMR évoluées, qui présentent une résistance moyenne à forte pour certains triazoles, a plus que doublé entre 2015 et 2016. Entre 2013 et 2016, la progression est d’un facteur 4. Elles représentent désormais 29 % des souches en moyenne, contre 11 % en 2015. C’est certes beaucoup moins qu’en Irlande et en Angleterre, où ce chiffre atteint 61 %.
Efficacités menacées
Quant aux souches MDR, fortement résistantes aux IDM (inhibiteurs de la déméthylation, groupe auquel appartiennent les triazoles), elles représentent aujourd’hui près de 10 % des populations de Septoria tritici, contre 8 % l’an dernier.
Même préoccupation du côté des SDHI. Apparue en France et en Europe en 2012 mais à de faibles fréquences, la résistance aux carboxamides (famille des SDHI) est détectée pour la première fois cette année dans le réseau Performance : 13 populations CarR (spécifiquement résistantes au boscalid) sont présentes dans 5 % des populations sur dix sites. « Des analyses complémentaires sont en cours pour isoler ces souches, confirmer et caractériser une éventuelle résistance spécifique », précise Arvalis, qui coordonne le réseau Performance. Les essais montrent ainsi que l’efficacité des triazoles et des associations triazoles + SDHI est « significativement affectée », même en préventif.
Dans ce contexte, les firmes phytosanitaires et Arvalis martèlent le même message : il convient de diversifier les modes d’action et les molécules au sein d’un même mode d’action, afin de ralentir la pression de sélection. Si les triazoles restent la base de chaque intervention fongicide, « on peut malheureusement craindre qu’ils ne soient pas éternels », insiste Arvalis. L’institut recommande donc de ne les utiliser (si possible) qu’une seule fois par campagne. C’est pourtant ce qui a eu lieu en 2016, avec le metconazole ou le tébuconazole à cause des conditions météo nécessitant des traitements supplémentaires.
Même chose pour les carboxamides, soit une seule application de produit contenant un ou plusieurs SDHI, associé à d’autres modes d’action (triazoles…), de préférence autour du stade dernière feuille étalée.