« Je pense qu’il ne faut pas user et abuser du terme agribashing, car cela peut être contre-productif, a pour sa part estimé Éric Birlouez, sociologue. Je ne nie pas, évidemment, la réalité du phénomène, car personne ne peut la nier. Mais je crois que les Français ont une bonne opinion des agriculteurs et des agricultrices en tant qu’homme et femme. »

 

Le sociologue cite en particulier les enquêtes d’opinion qui se font notamment en amont du Salon international de l’agriculture : courageux, utiles, passionnés… Les exploitants sont bien perçus. « Les critiques se font vis-à-vis de certaines pratiques agricoles ou d’élevage », constate-t-il.

Être au clair avec la définition

Pour Eddy Fougier, politologue, « il faut être assez ferme sur la définition. Pour moi, dire du bien du bio ou critiquer l’agriculture conventionnelle, ce n’est pas de l’agribashing. Ce que l’on peut associer à ce terme, c’est une forme spécifique de critique outrancière, systématique et radicale, qui décrédibilise d’emblée toute forme de contradiction, et qui appelle à des actes malveillants. » Et de prendre en exemple l’appel à “cogner les empoisonneurs” diffusé dans un tweet par l’association Nous voulons des coquelicots, « cela, c’est de l’agribashing ».

 

Questionnements de la société

Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA, a complété avec les intrusions, voire les incendies dans les élevages, les roues de pulvérisateurs démontées, les gestes menaçants. « Mais pour moi, les questionnements des consommateurs, ce n’est pas de l’agribashing, c’est du questionnement de la société. Alors je regrette que le mot “agribashing” soit utilisé à toutes les sauces, mais je regrette aussi que certains scientifiques, réels ou revendiqués, aient dit que c’était une manière de cacher ou de refuser le débat pour la FNSEA », a-t-elle déclaré, en insistant sur les efforts faits par les agriculteurs.

Un mot de ralliement

Selon la présidente de la FNSEA, les agriculteurs sont « ballottés » et « souffrent » de courants de pensée qui « se heurtent et qui s’affrontent, sur le compte de l’agriculture ». « Et c’est pour cela, probablement, que le mot “agribashing” est devenu le mot de ralliement d’un certain nombre d’agriculteurs qui ne comprennent plus ce qui leur arrive », estime-t-elle.

 

« La jeune génération, mieux formée, appréhende le métier différemment, poursuit Christiane Lambert. Mais tous ceux qui ont connu l’agriculture avec moins de sollicitations parfois paradoxales, vivent très mal ces injonctions, et surtout le temps court pour répondre. »