«Les agriculteurs demandent une revalorisation de leurs revenus grâce à leur travail. Nous l’obtiendrons en transformant la façon dont le prix est construit. Et en pesant de toutes nos forces sur les transformateurs, l’industrie, les acheteurs ! » Voilà comment, en quelques mots, Édouard Philippe, le Premier ministre, a répondu sur Twitter aux agriculteurs qui manifestaient le 22 octobre dernier. D’un côté, la FNSEA et JA mobilisaient leurs troupes à travers toute la France contre les distorsions de concurrence, les accords de libre-échange, et le dénigrement dont ils sont de plus en plus victimes. De l’autre, à Strasbourg, la Confédération paysanne réclamait une autre Pac.

Autant dire que dans son tweet, le chef du gouvernement ne répond que très partiellement aux revendications. Rien sur les distorsions de concurrence ou l’agribashing et ces militants anti-élevage qui passent leur temps à rentrer sur les exploitations sans conséquence judiciaire. Édouard Philippe reconnaît toutefois que la loi adoptée à la suite des États généraux de l’alimentation, et qui était censée rééquilibrer le rapport de force dans les filières, n’a pas rempli ses objectifs. Son ministre de l’Agriculture tient le même discours, répétant que « le compte n’y est pas », lorsque les parlementaires ou les journalistes l’interrogent sur le bilan de cette loi. Mais dans le même temps, il ajoute que la balle est aussi dans le camp des agriculteurs, qui doivent mieux s’organiser. Et surtout, il a du mal à supporter que la FNSEA et JA aient apostrophé directement Emmanuel Macron lors de leur manifestation. Didier Guillaume juge même cette attitude irrespectueuse, tout comme il n’a pas apprécié cet été que des agriculteurs visent les permanences de ses camarades députés de La République en Marche, à la suite de la ratification du Ceta par l’Assemblée nationale.

Le ministre de l’Agriculture serait-il mauvais joueur ? Il devrait plutôt se demander pourquoi les manifestants s’adressent directement à Emmanuel Macron. Peut-être en ont-ils marre d’entendre Didier Guillaume répéter qu’aucun gouvernement n’a fait autant pour l’agriculture, ou encore que la France est en pointe sur le domaine des produits phytosanitaires et du bien-être animal. Surtout, les agriculteurs ont compris que les décisions se prennent à l’Élysée et non dans les ministères. Alors, qui le président de la République soutient-il, son Premier ministre ou Didier Guillaume ? Peu importe. La loi ne fonctionne pas, et les discours restent identiques depuis des mois. La méthode Coué, ça suffit. Les agriculteurs ne peuvent plus attendre. Ils ont besoin que leur situation s’améliore.

Messieurs les politiques, il est plus que temps de joindre le geste à la parole !