Langouët, vous connaissez ? Oui, sans doute depuis quelques semaines, quand le maire de cette commune, qui se revendique écologique sur son site internet, a pris un arrêté « antipesticides » (voir À la une, page 16). Non content d’avoir bénéficié d’une large couverture médiatique, l’élu peut compter sur un soutien de plus, celui d’Emmanuel Macron, descendu dans l’arène le 24 août. Pour dire quoi ? Que si le maire a eu tort sur la manière, il a raison sur le fond. Le président de la République soutient tout de même la préfète qui a assigné l’élu devant la justice pour faire respecter la loi, mais lui demande aussi de trouver une issue à cette situation.

Plus de doute possible, les traitements phytosanitaires à proximité des habitations seront bientôt encadrés par la loi. Parole de Président ! Emmanuel Macron ne fait d’ailleurs que confirmer les annonces de sa ministre de la Transition écologique, Élisabeth Borne. Une ministre qui connaît le dossier : elle était la directrice de cabinet de Ségolène Royal, quand celle-ci, alors locataire du ministère de l’Écologie, envisageait des zones de protection des habitations de 50 à 150 mètres.

Et les agriculteurs dans tout ça ? Pas la peine qu’ils s’inquiètent : le président a prévu « des discussions pour […] leur permette de fonctionner, car [interdire l’épandage des produits phytosanitaires à proximité des habitations] a un coût ». Heureux de l’entendre, mais les premiers échanges avec la profession ne laissent imaginer que des contraintes supplémentaires avec des distances de protection pouvant aller jusqu’à 10 mètres. Ou encore l’obligation d’avertir les riverains au moins douze heures avant de sortir le pulvérisateur. Est-ce bien sérieux ? Qui peut affirmer aussi longtemps à l’avance quand il sortira le pulvérisateur quand la météo est capricieuse ?

Restent les chartes de bon voisinage prévues par les textes soumis à la profession. Renouer le dialogue au niveau local pour faire comprendre les contraintes liées aux épandages est une bonne idée. Encore faut-il que chacun soit à l’écoute de l’autre, et que ceux qui veulent voir des coquelicots partout dans la campagne ne déséquilibrent pas les concertations locales auxquelles ces chartes seront soumises. Les échanges s’annoncent musclés. Aujourd’hui, ce sont les phytos qui occupent le devant de la scène, mais dans l’Eure, un autre maire est assigné en justice. Il a interdit les épandages de phytos et de « nitrates chimiques ou provenant d’élevage sur une bande de 2 mètres le long de la voirie ». Alors, Monsieur le Président ?