Dans cette parcelle de betteraves sucrières près de Nangis, dans la Seine-et-Marne, comme dans toutes celles de l’Île-de-France, le constat est sans appel : le rendement des betteraves est 45 à 50 % inférieur à la moyenne des cinq dernières années. Les premiers arrachages s’établissent entre 10 et 35 t/ha, contre 80 à 100 t/ha habituellement. Les conséquences de la jaunisse pour les 1 800 planteurs franciliens pourraient dépasser 1 000 €/ha. De quoi être tenté de réduire fortement les surfaces betteravières dès l’an prochain, voire d’arrêter la production.

 

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Une situation inédite pour la filière

Cette situation inédite menace également les outils industriels. Les deux sucreries de l’Île-de-France sont seine-et-marnaises et les seules usines familiales privées de France : Ouvré fils à Souppes-sur-Loing et Lesaffre frères à Nangis. « Cette crise pourrait engendrer une perte de 10 à 15 millions d’euros en 2020-2021 pour notre sucrerie », calcule Cyril Lesaffre.

 

« Environ 300 000 tonnes de betteraves seront traitées contre 750 000 tonnes habituellement, estime Cyril Lesaffre. La campagne va passer de 100 à 50 jours. Et si demain les surfaces chutent, les problèmes d’approvisionnement de notre usine pourraient entraîner sa fermeture », alerte-t-il.

Trois requêtes

Pour Cyrille Milard, président de la FDSEA 77, le projet de loi adopté par l’Assemblée nationale le 6 octobre dernier permettant de déroger jusqu’en juillet 2023 à l’interdiction des néonicotinoïdes sur betteraves, donnera la possibilité « de replanter l’an prochain mais il ne suffit pas ».

 

Ce texte sera examiné « le 21 octobre en commission des affaires économiques du Sénat et le 27 en séance plénière », a précisé Sophie Primas (LR), sénatrice des Yvelines, présidente de la commission des affaires économiques et rapporteure du texte, venue se rendre compte de la crise.

 

Des négociations avec le ministère de l’Agriculture pour débloquer des indemnisations pour les planteurs de betteraves ont également commencé. Les sucreries aussi attendent un geste de l’État. Et pour pouvoir cultiver des betteraves après 2023, la recherche contre la jaunisse est aussi fortement sollicitée. Mais si la solution passe par la génétique, les trois ans suffiront-ils ?