En quelques années, à la faveur du développement technique des automoteurs de pulvérisation, des suspensions de rampe et des amortissements d’essieux, la vitesse moyenne lors des traitements est passée de la plage confortable située autour de 10 km/h à des allures qui frôlent parfois 20 km/h.
Sur les pulvérisateurs récents, la régulation est de type DPAE, c’est-à-dire proportionnelle à l’avancement. La pression de pulvérisation est donc liée directement à la vitesse de travail. Le problème, c’est que les buses ne supportent pas de variations de vitesse supérieures à quelques kilomètres. Lorsque la vitesse augmente, la pression au niveau de la buse croît beaucoup plus rapidement et les gouttes se transforment en fines gouttelettes. Ces gouttes trop fines ne se fixent pas correctement sur la végétation et sont très sensibles à la dérive. De même, lorsque les gouttes sont trop grosses, parce que la vitesse diminue et avec elle la pression dans la buse, le produit ruisselle plus facilement, le nombre d’impacts par cm² devient trop faible et le traitement n’est pas efficace. Le problème est particulièrement marqué dans les parcelles accidentées, où la vitesse varie avec la pente. L’une des solutions proposées pour le moment est la sélection automatique de buse en cours de traitement (voir encadré ci-dessous).
La limite de cette technique s’avère qu’il s’écoule un certain laps de temps pour déclencher et réaliser le changement de buse pendant lequel la taille des gouttelettes varie. Des solutions encore plus perfectionnées ont fait leur apparition lors du dernier Sima.
Des solénoïdes dans les buses
La nouvelle solution proposée par plusieurs constructeurs consiste à remplacer les anti-gouttes à l’intérieur des buses par des solénoïdes en utilisant le principe de pulsations à modulation de fréquence (PWM : Pulse Width Modulation). Cette solution permet de dissocier la pression de pulvérisation et le débit des buses, donc la taille des gouttelettes.
Le fonctionnement du solénoïde à l’intérieur de la buse peut être comparé à celui d’un injecteur sur un moteur. Le solénoïde est un composant qui converti une énergie électrique en énergie mécanique. Il est formé d’un corps ferreux entouré d’une bobine de cuivre.
L’application d’un courant sur la bobine de cuivre crée un champ magnétique qui fait bouger la pièce en fer. C’est ainsi que le solénoïde est capable de fournir un grand nombre de pulsations par seconde, qui se convertissent en ouverture et fermeture de la buse. C’est cette fréquence qui est modifiée pour s’adapter à la variation de vitesse.
Cibler une taille de gouttelettes
Le DynaFlex 7140, de TeeJet, fonctionne sur ce principe. Il peut être installé sur tout pulvérisateur utilisant un contrôleur de débit, indépendamment du type de boîtier de régulation. Cette solution sera ainsi proposée en option sur les automoteurs Artec, dès le printemps. Les solénoïdes placés à l’intérieur des corps de buses travaillent à une fréquence constante de 20 Hz. En cabine, le chauffeur sélectionne la taille de gouttelettes qu’il souhaite obtenir et le système ajuste les pulsations de façon à maintenir la pression constante, y compris lors des variations de vitesse pendant les manœuvres ou dans les pentes.
De son côté, John Deere utilise deux solénoïdes sur les buses de son dispositif ExactApply. Les deux solénoïdes fonctionnent en opposition de phase à une fréquence de 30 Hz, c’est-à-dire qu’ils peuvent s’ouvrir et se fermer 30 fois par seconde. Sans avoir à changer de buses, l’utilisateur peut aussi bien varier la vitesse de 10 à 30 km/h à dose et pression constantes ou alors varier la dose appliquée de 100 à 300 l/ha à vitesse et pression constantes. ExactApply permet un contrôle du débit automatique buse par buse, ce qui est intéressant pour la pulvérisation en courbe ou alors pour surdoser ponctuellement, par exemple dans les passages de roues.
D’autres constructeurs, comme Berthoud avec son Spraytronic, ont aussi dévoilé des dispositifs de pulvérisation fréquentielle. Le prix n’est pas encore totalement fixé mais il serait équivalent à celui de l’autoguidage pour une rampe de 36 m, soit environ 10 000 euros.