Depuis plusieurs campagnes, les traitements d’automne sont devenus le pivot des programmes de désherbage des céréales. Ils permettent l’élimination d’adventices jeunes, notamment des graminées (vulpin, ray-grass). Les rescapées fragilisées sont détruites par un rattrapage en sortie d’hiver.

Parmi les désherbants utilisés avant ou juste après le semis, on retrouve plusieurs familles d’herbicides à mode d’action racinaire comme les toluidines (pendiméthaline), les urées substituées (chlortoluron) ou encore les thiocarbamates (triallate, prosulfocarbe). « Toutes ces substances ont besoin de l’eau du sol pour migrer vers les racines ou les coléoptiles des plantes cibles », prévient Édouard Baranger, ingénieur Arvalis à Bourges (Cher).

Les toluidines et les thiocarbamates agissent au moment de la germination des adventices en bloquant la division cellulaire. C’est pourquoi ils doivent être appliqués juste avant le semis (triallate) ou juste après (prosulfocarbe).

L’efficacité du chlortoluron, qui s’utilise en post-semis prélevée ou en post-levée précoce, dépend aussi de l’humidité du sol. Mais son mode d’action se rapproche des produits systémiques puisque la matière active transite par les vaisseaux des racines vers les feuilles.

Quelle que soit la famille à laquelle ils appartiennent, leur efficacité dépend également de la teneur en argile et en matière organique du sol. Dans les sols lourds, les matières actives sont fixées par ces composants du sol et rendues indisponibles aux plantes.

Efficacités très variables

« Avec ces familles de produits, la météo au moment de l’application est primordiale, poursuit Édouard Baranger. Dans différents essais, nous avons constaté, par exemple, que l’efficacité d’un triallate (Avadex 480) varie de moins de 20 à 70 %, selon les conditions d’application. Une absence d’humidité, comme en connaissent certains sols cet automne, condamne cette spécialité. Les résultats sont à peu de chose près similaires avec le prosulfocarbe positionné en post-semis-prélevée. » Le déficit hydrique persistant dans plusieurs bassins céréaliers n’a pas permis d’utiliser efficacement la technique des faux-semis. Par conséquent, techniciens et agriculteurs redoutent une pression graminées très forte dès le retour de la pluie, malgré un décalage probable des levées en novembre.

« À ce jour, nous nous trouvons face à trois situations différentes selon le niveau de pluie reçu courant octobre, expose Mickaël Mimeau, responsable agronomique chez Dijon Céréales. En sol sec, la meilleure stratégie est d’attendre pour intervenir. Là où il a plu une vingtaine de millimètres, le désherbage est à réaliser rapidement, si ce n’est déjà fait. La difficulté tient aux parcelles où il n’est tombé que quelques millimètres, qui entraînent des levées échelonnées et hétérogènes. Dans ces situations, il faudra trouver le meilleur compromis entre stade des graminées et conditions d’hygrométrie du sol, en prévoyant un rattrapage plus tard à l’automne ou en sortie d’hiver. »