Grâce à un système racinaire composé de rhizomes, un seul chardon peut coloniser 250 m2 par an. De plus, une petite proportion des graines (3 à 5 %) donne également de nouvelles plantes, ce qui suffit à accentuer la pression de la vivace. Pour cette raison, tous les moyens de lutte existants doivent être mis en œuvre conjointement afin d’en limiter l’impact.
Comme l’émergence des chardons a lieu principalement au printemps, de manière échelonnée, la lutte chimique dans les céréales se déroule durant la montaison.
Céréales
Plusieurs matières actives, seules ou associées, donnent des résultats intéressants, à commencer par le metsulfuron méthyle (Allié SX, Adiakar...). Ces spécialités sont à appliquer de fin tallage à dernière feuille ligulée du blé, entre 25 et 30 g/ha et, de préférence, sur sol humide. La matière active est absorbée par les feuilles et les racines et provoque l’arrêt de la croissance. Une autre sulfonylurée, le tribénuron-méthyle (Caméo, Prima Star...) s’utilise selon les mêmes modalités. L’association des deux matières actives se retrouve dans Harmony M, homologué à 60 g/ha sur orge et à 90 g/ha sur blé et seigle.
D’autres spécialités, à base de clopyralid associé au MCPA (Chardex), au MCPA + fluroxypyr (Ariane New, Bofix) ou au 2,4-D + MCPA (Lonpar) sont applicables de fin tallage, à deux nœuds maximum de la céréale. Il en est de même pour les spécialités homologuées à base de 2,4-D seul.
Les intercultures longues avant cultures de printemps offrent plusieurs opportunités de destruction, notamment le labour. Dans les limons, où cette pratique juste avant le semis (début avril) est possible, elle affaiblit durablement les chardons, qui ont du mal à reconstituer leurs réserves. La reprise se fait avec un outil à dents, qui risque moins de fragmenter les rhizomes que des disques.
En cas de labour d’automne ou de travail superficiel, la solution consiste à attendre le redémarrage des chardons, puis d’appliquer une spécialité à base de glyphosate (6 l/ha). Cette technique peut conduire à retarder le semis de la culture de printemps car l’efficacité dépend en partie du délai d’attente entre le traitement et le travail du sol. Entre une reprise après sept jours et une à deux semaines, l’efficacité passe de 80 à 90 %.
Maïs, tournesol
Depuis l’inscription de variétés de tournesol tolérantes à certains herbicides de postlevée, il devient possible de traiter les chardons en végétation. L’application de 45 g/ha d’Express SX (tribénuron-méthyle) + Trend 90, uniquement sur variétés tolérantes, au stade 2-4 feuilles du tournesol, donne de bons résultats sur chardons levés. En cas d’émergence échelonnée, il est possible de fractionner le traitement en deux passages : 25 g, puis 20 g avant huit feuilles du tournesol.
Sur maïs, les moyens de lutte sont plus étendus, grâce à la possibilité de recourir au dicamba seul (Banvel 4 secondes, Cadence) ou associé au bentazone (Cambio), avec un traitement en plein jusqu’à 6 feuilles, ou dirigé entre 6 et 8 feuilles du maïs. Le clopyralid (Lontrel 100) + huile peut être utilisé jusqu’à dix feuilles.