Sur les dix dernières années, deux élevages sur trois ont disparu en France. Un mouvement qui s’est accompagné d’une concentration des cheptels dans un nombre réduit d’exploitations, révèle le CIWF France, organisation qui milite pour un élevage durable, dans un rapport dévoilé le 24 février 2025 au Salon international de l’agriculture.
« La réorientation des financements publics est la condition essentielle à la transition de l’élevage, souligne Myriam Boudali, chargée de campagne et plaidoyer chez CIWF. Faire payer le consommateur est difficile ». L’association s’est alors penchée particulièrement sur les financement régionaux en faveur de l’élevage durable. L’étude se concentre sur cinq régions « emblématiques d’élevage » : la Bretagne, les Pays de la Loire, les Hauts-de-France, le Grand Est et la Nouvelle-Aquitaine. Dans son rapport, le CIWF précise que ces régions présentent un nombre important de volailles, de porcs et de vaches laitières qui « concentrent les enjeux de bien-être animal les plus importants ».
Des stratégies variables
Le CIWF distingue plusieurs stratégies : « la vision productiviste classique », la vision « intermédiaire » et « la prise en compte des enjeux d’agroécologie et de bien-être animal ». Pour faire cette distinction, l’étude s’est concentrée sur les aides à l’installation (13 % à 30 % du montant des aides européennes du Feader) et les aides à l’investissement (19 % à 50 % du Feader) dont les régions sont désormais décisionnaires dans les critères et montant d’attribution.
Par exemple, seules quatre régions sur cinq accordent une bonification de l’aide à l’installation pour les projets en élevage, mais sans conditions sur le type de système mis en place. Trois régions proposent une bonification pour une installation en bio ou sous Siqo.
Pour les aides à l’investissement, l’étude s’est penchée sur les critères d’éligibilité, les critères de sélection dans les projets, les taux d’aides et les bonifications éventuelles. De manière générale, les seuils de sélection sont très bas, révèle l'étude. Les critères de sélection sont insuffisamment différenciant sur le bien-être animal et l’agroécologie. La bonification pour les projets en agriculture biologique n’est pas systématique. Le taux d’aide est plafonné en deçà de ce qu’impose le cadre européen.
«Par manque de transparence» et de trop grosses disparités régionales dans les informations fournies, le CIWF n’a pas pu réaliser dans son étude de bilan des aides effectivement versées par les régions depuis qu'elles en ont autorité de gestion.
« Manque d’ambition global »
Dans son rapport, l’association pointe tout de même « le manque d’ambition global face aux enjeux de bien-être animal et de transition agroécologique » avec des critères d’accès aux aides rarement contraignants.
« Les politiques régionales actuelles ne sont pas vraiment un levier de transition agroécologique, écrit le CIWF. Il faut passer d’une logique où les aides publiques sont octroyées prioritairement aux exploitations qui s’engagent dans les transitions, à une logique où celles-ci sont octroyées à condition que des engagements soient pris ».
A noter aussi que les régions ne gèrent qu'une partie du second pilier de la Pac, le CIWF insiste pour que tous les acteurs prennent leur part pour construire l'élevage de demain.