Le croisement pour de meilleurs résultats techniques. Lorsque, en 2014, le site Inrae de Redon-Bas à Romagnat, dans le Puy-de-Dôme, a fermé, Yoan Thomas décide de le reprendre. Il était alors salarié de l’exploitation de 80 hectares. Il s’y installe en fermage et rachète le troupeau de 340 brebis limousines en place.
600 brebis inscrites
Le jeune éleveur reste salarié à mi-temps à l’Inrae de Theix durant deux ans et demi, tout en augmentant progressivement le troupeau et la SAU. Chloé Béraud, sa compagne, bergère d’estive et salariée du service de remplacement, le rejoint en 2019. Le Gaec de l’Édredon, qui compte aujourd’hui 600 brebis inscrites et 150 hectares, emploie également un jeune salarié à un tiers de temps.
Le troupeau est conduit en un agnelage par an et en deux lots. Il y a une lutte en novembre et des agnelages de printemps, une autre en juin pour des agnelages en novembre. « Nous avons choisi ce système de reproduction pour étaler la charge de travail et les ventes. Il est également cohérent avec les 300 places que nous avons en bâtiment. Un lot de brebis sort pour laisser entrer l’autre », expliquent les deux éleveurs, qui ont aussi opté pour un croisement avec de la sufflolk. « Cette race bouchère apporte de la conformation aux produits de la limousine (1), rustique, au fort instinct maternel et dotée d’une bonne production laitière. »
Une prolificité de 180 %
Les périodes de monte sont limitées à 24 jours (au lieu de 34 en moyenne) pour réduire d’autant les périodes d’agnelage. « Nous restons concentrés sur la surveillance des naissances et les lots d’agneaux sont plus homogènes », précise Yoan Thomas. Au printemps 2023, 598 agneaux sont nés de 305 agnelages (196 % de prolificité) avec un poids âge-type 30 jours de 12,69 kg.
Les agnelages d’automne affichent quant à eux une prolificité de 174 % et un PAT 30 jours de 14,35 kg. La croissance des agneaux de brebis témoigne d’un GMQ 0-30 de 301 g et ceux des agnelles de 273 g. Les agneaux affichent un poids élevé à la naissance et le taux de mortalité de 6,6 % est inférieur à la moyenne raciale de 10,1 (résultats de 2022).
La qualité génétique du troupeau, qui compte 39 % de mères à agnelles et 30 % de mères à béliers, ainsi que le suivi alimentaire et sanitaire des brebis, expliquent ces résultats techniques. L’index VL moyen et l’Isam moyen sont de 100. Bien que passionnés de génétique — Yoan est le président de la section limousine à ROM Sélection — les jeunes éleveurs n’en sont pas moins attentifs à la maîtrise économique de leur système, déjà en agriculture biologique avant leur arrivée.
L’exploitation est autonome en fourrages. Leur diversité et leur qualité sont liées à des types de sols et des altitudes différentes (de 750 m à 1 200 m). La quantité de concentrés se limite à 90 kg par couple mère-agneau. Les agneaux sont rationnés après le sevrage et les mâles croisés affichent une bonne précocité, avec dix jours de finition en moins par rapport à des mâles purs.
(1) La limousine compte parmi les six races ovines du Massif central regroupées à ROM Sélection, avec la rava, la BMC, la grivette, la noire du Velay et la bizet.