À la naissance, le bourgeon cornual du chevreau est flottant. Il reste un ou deux jours chez le mâle, contre huit à dix jours chez la femelle. Dans ce pas de temps, « le sinus de la corne n’est pas en contact avec le sinus frontal, ce qui permet de réduire le stress et la douleur liés à l’écornage », explique Benoît Baudouin, responsable de la production de lait de chèvre chez Agrial.

Entre le troisième et le septième jour de vie

Benoît Baudoin préconise d’ébourgeonner les boucs à trois jours et de ne pas dépasser les cinq jours post-naissance. Pour les femelles, « c’est entre trois et sept jours de vie ». Pour ne pas accumuler de stress, l’ébourgeonnage ne sera pas combiné à une autre intervention (vaccination, allotement ou autre).

À la tête d’un troupeau de 400 laitières saanens à Saint-Christophe-en-Bazelle (Indre), Séverine Van Hasselaar partage cette approche. Dans son élevage, les femelles sont ébourgeonnées entre le quatrième et le septième jours de vie. Pour les mâles, l’éleveuse intervient dès le lendemain de la naissance. « Sinon, on a des repousses », explique-t-elle.

Soigner la contention

L’ébourgeonnage n’est pas un geste complexe à réaliser. Pour qu’il se déroule correctement, l’éleveur doit être bien installé et le chevreau, correctement contenu. « La contention, c’est 80 % de la réussite de l’ébourgeonnage », situe Benoît Baudouin. Du crochet (environ 50 €) à poser sur une barrière jusqu’à la cage de contention (environ 350 €), il existe une gamme d’équipements adaptés.

Séverine Van Hasselaar, quant à elle, travaille assise sur une botte de paille. À portée de main, sur un plan stable, elle a préparé la tondeuse, le fer à cautériser (désinfecté) et un désinfectant. Une fois assise, l’éleveuse qui est droitière glisse le chevreau sous sa jambe gauche et place la tête de l’animal sur sa cuisse droite. Oreilles rabattues, elle le maintient au niveau de l’encolure. Le chanfrein reste libre, la respiration de l’animal n’est pas gênée.

Une fois la zone du bourgeon cornual tondue, Séverine la chauffe « quatre ou cinq secondes ». Elle termine son geste par une légère rotation. « Je désinfecte la zone du cornillon et quand j’ai remis le chevreau dans son lot, je le surveille. »

Sous surveillance pendant deux ou trois jours

Pour Benoît Baudouin, cette surveillance doit se prolonger sur deux à trois jours. Il faut en particulier être attentif à la coordination de la marche, aux cris, aux douleurs à la tête dès qu’il y a un contact, au rythme cardiaque et respiratoire. « Si l’animal se plaint, mieux vaut vérifier les cornillons. Il y a de fortes chances qu’il y ait infection. »

En période de mises bas, Severine ébourgeonne une fois par semaine. Pour 10 à 15 chevrettes, elle prévoit 45 minutes à une heure « sans compter la préparation du matériel ». « L’ébourgeonnage ne doit pas être un chantier contraignant. Pour ça, il faut l’intégrer au calendrier d’élevage et en faire un peu chaque semaine — tous les cinq ou sept jours, selon les élevages — et se mettre dans les meilleures conditions », souligne Benoît Baudouin. L’environnement doit être lumineux et sans courant d’air, la litière sèche et propre.