L’agrivoltaïsme a le vent en poupe. Les projets se multiplient et les connaissances émergent. « À l’image de l’agroforesterie, l’ombrage fourni par les panneaux est apprécié par les animaux dès que le rayonnement augmente », observe Julien Fradin, de l’Institut de l’élevage qui présentait une synthèse des connaissances sur la technique, le 2 septembre 2022 lors d’un webinaire Inn’Ovin.

La conception du parc photovoltaïque et notamment la hauteur des panneaux sont toutefois à surveiller. « Des témoignages signalent que lorsque les panneaux sont bas (entre 60 et 70 cm), les animaux peuvent se blesser. Ils ont du mal à se voir et cela altère le comportement du troupeau. La hauteur minimale du point bas des panneaux doit être d’au moins 1 m. » L’impact des ondes magnétiques n’a pas été étudié. Pour autant, les animaux n’évitent aucune zone des parcs.

L’effet des panneaux sur la végétation est variable. « Des différences sont observées en fonction des contextes pédoclimatiques, note Julien Fradin. Trois études sur cinq montrent une baisse de la production directement sous les panneaux. Trois études sur cinq montrent un rendement équivalent ou supérieur dans l’inter-rang par rapport au témoin sans panneaux. Il semblerait que dans des régions humides, comme en Angleterre, la production fourragère annuelle soit réduite sous les panneaux. Dans des zones plus sèches, comme le sud de la France, l’effet panneau « boosterait » en revanche la pousse. Les études sont néanmoins encore peu nombreuses, ce ne sont que des tendances observées qui méritent d’être vérifiées."

Plus de protéines, moins de sucres

Autre constat, sous les panneaux la production commence plus tôt et se poursuit plus tard, par rapport à une prairie classique. L’équipement protège la végétation du froid. La diversité floristique est réduite et la physionomie des plantes est différente. À l’abri, les plantes ont plus de feuilles, moins de tiges. Les teneurs en eau, en cellulose brute et en protéines sont majorées. Le suivi d’un parc en Saône-et-Loire a permis d’observer que « l’herbe est un peu moins riche en sucres solubles mais qu’elle reste de très bonne qualité, explique Laurent Solas de la chambre d’agriculture. Avec des tiges plus fines et moins riches en cellulose, les plantes sont toutefois plus sensibles à la verse. Ce qui peut compliquer le pâturage. Le risque de perte au piétinement peut augmenter. »

À l’ombre, les graminées sont plus nombreuses. « Mais cela n’a pas d’impact sur les performances des animaux d’après les premiers résultats, explique Julien Fradin. Beaucoup d’inconnues subsistent. Notamment sur la manière dont se comporteront ces couverts dans le temps. Les légumineuses, plantes de lumière par excellence, auront sûrement du mal à se développer. Peu de projets en place ont intégré une réflexion complète de la gestion de la prairie (pâturage, fenaison…) et de la conduite des troupeaux (abreuvement…).