Attraper, déplacer, contenir, asseoir, coucher et attacher un ovin sont des actions répéti­tives dans les troupeaux. Ces manipulations peuvent entraîner des troubles musculo­squelettiques ou des accidents de travail. « À l’aube de la quarantaine, il est assez courant de voir des luxations d’épaules ou des entorses de la cheville, en sautant par-dessus la barrière, par exemple », indique Xavier De Mori, conseiller à la MSA Berry-Touraine.

 

Troubles musculo-squelettiques

Certains gestes permettent de se préserver, en tout protégeant l’animal. Car la brebis ne bêle pas quand elle souffre. Un seul élément signale son inconfort : ses oreilles se penchent en arrière. Sa vue est majoritairement monoculaire : elle voit des formes, mais pas précisément, et son ouïe n’est pas sensible aux conversations humaines. Donc rien ne sert de crier !

 

Les attraper

Après un rapide échauffement des épaules et de la tête (cinq minutes sont nécessaires), il convient d’adopter une bonne position – genoux fléchis et dos droit – et de resserrer le parc de contention au maximum. Pour attraper une brebis, il est préférable de ne pas chercher à l’isoler. « Le mouton est un animal grégaire, qui préfère être tassé. Si on le regarde dans les yeux, cela accentue son instinct de fuite », prévient Sophie Laurent, technicienne ovin à la chambre d’agriculture d’Indre-et-Loire, et formatrice dans les lycées agricoles.

Une fois dans l’enclos, l’enjeu est de parvenir à attraper la brebis par le jarret. Il convient de ne surtout pas l’agripper par la laine ou le canon, et encore moins par une patte avant. « Elle n’a pas de clavicule. Elle boiterait à vie », insiste Sophie Laurent. Il est également possible de saisir la ganache (le museau) ou le pli du grasset (peau sur le ventre). L’essentiel est de ne pas se trouver derrière la brebis. Il s’agit au contraire d’aller chercher le membre arrière opposé à la main, en diagonale. Une main sur la croupe apaise l’animal.

 

Deux méthodes pour les asseoir

Avant de l’asseoir, l’ovin doit être détendu. Attendre quelques instants en lui masquant la vue peut le rassurer. Deux méthodes existent pour l’amener au sol. La première consiste à faire pivoter son corps pour qu’il bascule sur ses fesses. L’éleveur se positionne à côté de la brebis, une main se place sous l’encolure­, l’autre saisit le pli du grasset extérieur. Il s’agit de faire pivoter la main sous l’encolure vers l’arrière-train. Cette rotation permet ainsi d’asseoir l’animal. « L’astuce est de changer de pied d’appui pour bien le faire basculer, précise Sophie Laurent. Il s’assied donc entre les jambes de l’éleveur, qui a les mains libres. »

 

La seconde méthode est celle dite de la « patte arrière ». Selon le guide de la MSA « Manipulation des ovins », l’exploitant est agenouillé, la main est placée au niveau de l’encolure, le genou bloque l’éventuelle fuite de la brebis. L’autre main saisit le jarret de la patte arrière opposée en passant sous le ventre. L’éleveur décolle légèrement la patte du sol et l’attire vers lui : un déséquilibre se crée et la bête s’assied. « C’est une méthode à privilégier pour des animaux fragiles et ceux qui sont lourds », souligne Sophie Laurent. La brebis assise peut être immobilisée en bloquant son encolure à l’aide des genoux.

Grâce à ces gestes précis, le dos et les épaules de l’éleveur ne sont pas sollicités démesurément et les soins peuvent être prodigués dans le calme.

Aude Richard