« Le 20 juillet 2025 quand je suis monté voir mon troupeau de limousines sur l’estive de Bonac Vallée d’Orle, à 1 700 m d’altitude, l’une des vaches n’arrêtait pas de bramer, rapporte Laurent Fernandez, qui élève des vaches limousines (une trentaine), des chèvres pyrénéennes (une soixantaine), une dizaine de chevaux et des ânes à Uchentein en Ariège. Elle cherchait désespérément son veau de huit mois. Mais nous ne l’avons retrouvé que la semaine suivante. »

Les vaches limousines de Laurent Fernandez, regroupées avec celle d'un voisin, sur l'estive de Bonac Vallée d'Orle à 1 700 mètres d'altitude, valorisent des espaces très escarpés de la montagne pyrénéenne.

Il gisait au fond d’un ravin avec un autre broutard, lui aussi prédaté plus récemment, vraisemblament par le même ours. « Ils étaient à une dizaine de mètres l’un de l’autre près du ruisseau et inaccessibles par les vautours », précise l’exploitant. Dès le deuxième jour après, Laurent Fernandez avait alerté les agents de l’Office français de la biodiversité (OFB) de la disparition de l’une de ses bêtes. Le terrain très escarpé rend l’exploration de la zone très difficile. Le délai de 72 heures, pour que la prédation soit comptabilisée, est souvent dépassé.

Les agents ont rédigé un constat qui a été envoyé aux services de la DDT pour une instruction. La responsabilité de l’ours n’a pas été écartée. Une fois la peau des bovins soulevée, les traces de griffes étaient bien visibles. Des indices, comme des poils, attestant de la présence du prédateur ont également été relevés.

Lors du constat, les agents de l'Office français de la biodiversité retourne la peau du jeune bovin pour repérer les traces de griffures de l'ours.

Reste que l’indemnisation proposée à Laurent Fernandez est bien loin de son estimation. « On me propose 839 euros pour le mâle que je comptais vendre 1 500 euros à la descente de l’estive dans quelques jours, explique-t-il. Je comptais garder la femelle de huit mois pour le renouvellement de mon troupeau. » La perte pour les deux attaques est donc importante.

Depuis la fin de juillet, les animaux ont changé de quartier, mais ils ont peur lorsqu’ils reviennent à cet endroit. Les deux exploitants du groupement pastoral ont installé des clôtures électriques afin de sécuriser cet endroit. « Cela nous a pris une journée à quatre », explique Laurent Fernandez. C’est une mesure de protection financée en totalité par les éleveurs, car les aides de l’État ne concernent pas les troupeaux bovins.

« J’aimerais surtout que les ours à problèmes puissent être écartés de nos secteurs », insiste Laurent Fernandez.

Le bilan à la mi-août de la prédation des ours, à l’échelle du département de l’Ariège, reste lourd, même s’il est un peu plus faible que celui de l’année dernière à la même date. « Il est comparable à celui de 2023, explique Laure Soulié, de la chambre d’agriculture. 300 brebis, 6 bovins, 2 chevaux et 17 ruches ont été expertisés. » Tous les dossiers n’ont pas été instruits.

Les moyens de protection sur les troupeaux de moutons sont de plus en plus importants.

Le groupement pastoral d’Arreau, par exemple, a perdu 80 brebis depuis le début de l’estive. Il a pourtant cinq chiens de protection, trois bergers et un gardien de nuit.