« Les chiffres de l’Office français de la biodiversité (OFB) concernant l’effectif d’ours sont sous-évalués », estime Franck Watts, en charge du dossier ours à la Fédération nationale ovine (FNO). Selon lui, le prédateur est très mobile et plusieurs individus passent à travers les mailles des observations des agents pendant plusieurs années, à l’image d’un mâle observé pour la première fois à l’âge de quatre ans et demi.

Idem pour les statistiques des attaques. Le responsable estime que le relevé de 2024 est artificiel en raison de la fièvre catarrhale ovine (FCO) qui a sévi sur les troupeaux. Il expliquait déjà à la fin de l’automne dernier que les exploitants avaient peu déclaré les prédations en raison d’un manque de temps.

Franck Watts regrette aussi la sous-estimation du travail auquel doivent faire face les éleveurs faisant face à la prédation. Les mesures de protection sont chronophages à mettre en place. « Sans compter que les animaux sont conduits à l’inverse de leurs besoins, insiste-t-il. Ils sont regroupés la nuit alors qu’ils devraient profiter de la fraîcheur pour manger. Si bien qu’à la descente de l’estive, les brebis sont amaigries et des résultats technico-économiques déplorables s’en suivent. »

Des frais sous-estimés pour les éleveurs

Le syndicaliste pointe aussi la part financière restant à la charge de l’éleveur pour mettre en place les moyens de protection, souvent sous-évaluée. « Pour embaucher un berger qui accepte de travailler dans les conditions difficiles de la prédation, il faut parfois débourser plus de 2 500 € mensuels, subventionné à 80 % par l’État, déclare-t-il. Pour être en accord avec le droit du travail, il faut aussi compter deux bergers sur le même site. »

Bref, « d’un point de vue purement financier, dans certains cas, entre les frais en plus liés aux moyens de protection et les résultats techniques qui ne sont pas au rendez-vous, les pertes sont plus élevées que si l’on n’avait pas recouru à l’arsenal de protection », calcule l’éleveur.