En pois, plus le couvert est dense, plus la pression des maladies aériennes et le risque de verse sont élevés. Ce phénomène, démontré par les travaux de l’Inra et confirmé par les essais de Terres Inovia, en particulier au cours de l’année très humide 2016, amène à se poser la question de réajuster les densités de semis. D’autant plus que les densités optimales ont été établies avec des variétés des années 1990. Or, sous l’effet de la sélection génétique, de nouvelles variétés de pois d’hiver ont été créées. Celles qui sont inscrites depuis quatre-cinq ans font beaucoup plus de tiges que les anciennes. « Enduro ramifie moins que Balltrap, qui ramifie moins que Fresnel et Furious », pointe Véronique Biarnes, de Terres Inovia.

Outre l’évolution architecturale des variétés de pois d’hiver, un autre élément milite pour la réactualisation des préconisations des doses de semis. Les enquêtes auprès des producteurs, réalisées par Terres Inovia sur le pois en 2017 et sur la féverole en 2018, ont montré qu’un quart des agriculteurs étaient en surdensité par rapport aux préconisations. Ces dernières intègrent pourtant des risques de pertes éventuelles hivernales.

Dans les essais de Terres Inovia, menés en collaboration avec la Fnams, l’Inra, les sélectionneurs et les coopératives, cinq classes de densité ont été définies : moins de 50, 50-60, 60-70, 70-90, plus de 90. Les notations ont été faites sur le peuplement à la levée et en sortie d’hiver, le nombre de tiges par plante, les maladies, le rendement ramené à la densité de semis.

60 à 70 grains par mètre carré en sol profond

« Quel que soit le type de sol, le rendement décroche vraiment quand on tombe à moins de 50 plantes au m², note Véronique Biarnes. En sol superficiel et caillouteux, les meilleurs rendements sont obtenus avec les doses habituellement conseillées : 80-90 grains par m². Il n’y a pas de marge de réduction des doses de semis historiques.

En revanche, en sol profond, il est possible de les baisser à 60-70 grains au m², voire à 50-60, alors que la densité actuelle est de 70-80 grains. L’évaluation économique des études est en cours. « En ne tenant compte que du coût de la semence et du prix de vente du pois, précise la spécialiste, il doit être possible de réduire la densité, tout en maintenant un optimum économique. Cela reste à raisonner, toutefois, en fonction des variétés dont le PMG (1) est variable : 180-190 g pour Enduro et Balltrap, et 210-220 g pour Fresnel et Furious. »

Avant de réduire les densités de semis, il faut tenir compte de la résistance au froid des variétés : dans les régions gélives, Balltrap et Fresnel seront plus adaptées que Furious, à fort potentiel, à privilégier dans l’Ouest ou le Centre-Ouest.

Anne Bréhier

(1) Poids de mille grains.