Un rapport de la Commission européenne, en avril 2021, recommandait de modifier les règles draconniennes encadrant les OGM (organismes génétiquement modifiés). Il les jugeait « inadaptées » aux techniques d'édition du génome, qui permettent de développer des variétés de semences résistantes à certains herbicides ou à la sécheresse. De telles variétés sont cultivées à titre expérimental, mais ne peuvent être commercialisées.

Réunion informelle des ministres de l'Agriculture

Lors d'une réunion à Prague, placée sous le signe d'un hommage à la figure tchèque Gregor Mendel, père de la génétique moderne, les ministres de l’Agriculture ont appelé à faire de ces biotechnologies un outil pour affronter le changement climatique.

« Les techniques d'édition génomique sont un magnifique instrument pour faire en sorte que les cultures aient besoin de moins d'eau, de moins de produits phytosanitaires et d'engrais, qu'elles soient plus résistantes », a lancé le ministre espagnol, Luis Planas Puchades.

« Dès lors que ces “nouvelles techniques génomiques” permettent d'assurer la transition agroécologique et de faire face au dérèglement climatique, c'est une voie qu'il faut explorer », a abondé son homologue français, Marc Fesneau.

Des États membres vigilants

Pour autant, certains États disent être vigilants à ce que ce nouveau cadre ne marque pas d'assouplissement pour les OGM. « La Slovaquie est opposée aux OGM, l'agriculture européenne n'en a pas besoin, a souligné le ministre slovaque Samuel Vlcan. Par contre, nous sommes ouverts aux nouvelles méthodes de sélection (génomique) parce qu'on est bien conscient qu'il faut améliorer les variétés face au climat. Nous voulons discuter des options possibles. »

« Nous ne voulons pas des OGM, mais là, nous parlons d'édition génomique. Il faut une approche prudente qui s'apparente le plus possible aux méthodes traditionnelles de sélection (...) Il faut développer des variétés plus résistantes à la sécheresse, au gel, aux nuisibles », a insisté le ministre tchèque Zdenek Nekula, tout en exigeant « une analyse exhaustive » avant toute décision.

Une évolution législative promise

Le commissaire à l'Agriculture, Janusz Wojciechowski, a promis de soumettre aux États une proposition législative « au deuxième trimestre de 2023. Sur le long terme, nous devons rendre nos cultures plus résistantes. Les ministres ont complètement approuvé cette approche, il n'y a pas de controverses sur la direction prise vers les techniques génomiques », a-t-il assuré.

« Notre proposition sera basée sur une solide étude d'impact. Nous devons faire extrêmement attention à écarter tout danger pour la santé publique, l'environnement et les intérêts économiques des agriculteurs. Par exemple, il faudra préserver l'agriculture biologique de tout impact négatif », a néanmoins insisté Janusz Wojciechowski.