Dans un rapport publié le 28 octobre 2025, l’Inrae fait le point sur les alternatives existantes aux néonicotinoïdes pour six filières : betterave, noisette, pommier, cerisier, figuier, et navet. L’institut de recherche répond ainsi à une saisine du ministère de l’Agriculture datant du 16 mai dernier, qui souhaitait identifier les situations où les alternatives aux néonicotinoïdes (NNI) sont absentes ou insuffisantes.

Alterner les traitements

Pour la production de betterave, les experts appuient sur la nécessité de lutter contre l’apparition de résistance au sein des populations de ravageurs. « Tant que les alternatives ne sont pas pleinement opérationnelles et maîtrisées par les producteurs, un accès à deux produits phytopharmaceutiques semble incontournable afin de pouvoir réaliser des alternances de traitement », écrivent-ils.

Or, jusqu’à présent, la protection des betteraves contre les pucerons vecteurs de la jaunisse reposait sur l’usage de deux insecticides, dont l’usage futur est au mieux incertain :

  • Movento (spirotétramate). L’approbabtion de la substance active a expiré en 2022, en raison d’une absence de demande de renouvellement au niveau européen par la firme. Le délai de grâce accordé par l’Anses pour écouler les stocks prend fin le 31 octobre 2025.
  • Teppeki (flonicamide). La substance active « figure parmi les substances actives qui pourraient être retirées du marché dans les prochaines années, précise les experts. Son approbation actuelle expire fin novembre 2026. »

Axalion à moyen terme

Les auteurs estiment que, « dans la mesure du possible », il serait « souhaitable de prolonger l’usage » du spirotétramate, « si besoin sur la base d’une analyse de risque annuelle basée sur une épidémiosurveillance renforcée, au moins dans l’attente que de nouvelles molécules ou des alternatives non chimiques suffisamment efficaces soient mises sur le marché ».

À moyen terme, l’Axalion (dimpropyridaz) pourrait être homologué, apportant une alternative aux deux molécules actuellement utilisées. Son éventuelle mise sur le marché européen n’est pas attendue avant 2027-2028. Le rapport d’expertise de l’Autriche, pays rapporteur, est attendu à la fin de l’année 2025.

L’acétamipride et le flupyradifurone sont utilisés ailleurs dans l’Union européenne, mais leur usage a été retiré en France. La loi Duplomb n’a pas permis à l’acétamipride de bénéficier d’autorisation sous dérogation.

« Prophylaxie, surveillance et stratégies combinatoires ne sont pas des options »

Le rapport liste les pistes d’alternatives aux produits de synthèse identifiés, en particulier le biocontrôle et les variétés résistantes. Mais « aucune de ces solutions alternatives n’a l’efficacité des NNI ou même des produits de synthèse actuels », estiment les auteurs. Ces solutions « doivent donc être soutenues par un engagement fort dans des dispositifs territoriaux de surveillance, par la minimisation des risques via la prophylaxie et par des stratégies combinatoires d’utilisation des leviers de protection. »

Et « les experts insistent sur le fait que prophylaxie, surveillance et stratégies combinatoires ne sont pas des options mais bien des conditions indispensables au développement d’une protection alternative aux NNI. Une simple substitution de produits de synthèse par des produits de biocontrôle ne suffira pas. »