Dans quelques heures c’est terminé, a rappelé Julien Denormandie, ce 1er mars 2022 au Salon international de l’agriculture. Ce soir à 23h59, tous les contrats avec la grande distribution sur les produits de grandes marques doivent être bouclés, et c’est loin d’être le cas ! Il y a de bons élèves, mais il y a encore de mauvais élèves », a-t-il ajouté lors d’une table-ronde réunissant plusieurs acteurs de la chaîne agroalimentaire.

 

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Julien Denormandie brandit les sanctions

« Il reste une journée de négociations qui va être difficile, poursuit le ministre de l’Agriculture. On a encore des personnes qui ne jouent pas le jeu et elles seront sanctionnées. »

 

Julien Denormandie a signifié qu’il ferait preuve « d’une grande fermeté ». « Il ne faut pas que certains contrats soient le contrat qui cache la forêt. S’ils ne sont pas bons, on prendra des sanctions durement », a-t-il assuré.

 

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Action du médiateur

« 45 dossiers de médiation ont été ouverts, il en reste encore 20 sur la table et je n’exclus pas qu’il en arrive encore cette nuit », a indiqué Thierry Dahan, le nouveau médiateur des relations commerciales agricoles, dont les pouvoirs ont été renforcés par la loi Egalim 2.

 

Mais le médiateur prévient : « Il n’y aura pas d’ultime médiation de complaisance pour les retardataires qui n’ont pas négocié de bonne foi en amont. » Ce à quoi Julien Denormandie ajoute que plus de 1 100 enquêtes vont être ouvertes et des sanctions financières prises, comme le permet la loi pour les contrats non signés dès lors que cela relève de la mauvaise foi.

 

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Industriels et agriculteurs ensemble

« Ce qui est nouveau dans ce dernier comité des relations commerciales (NDLR : qui a eu lieu la semaine dernière, le 26 février), c’est que ceux qui hurlent, ce sont les agriculteurs et les industriels », commente Christiane Lambert à cette même table-ronde.

 

« Les transformateurs se trouvent exactement dans la même situation sur la matière première industrielle que le monde agricole sur la matière première agricole », détaille la présidente de la FNSEA.

 

La loi Egalim 2 a changé les rapports de force et si le prix de la matière première agricole n’est plus négociable, certains industriels peinent à faire passer leurs demandes de hausse. Pour Jean-Philippe André, président de l’Ania (1), il y a un écart de 2 à 3 points entre ce qui est signé à date et « une hausse raisonnée et raisonnable » demandée par les industriels pour couvrir l’augmentation de leurs coûts. Il prévient, inquiet, « les industriels ne peuvent pas se permettre de perdre 2 à 3 points ».

 

Des propos repris par Christiane Lambert. « Depuis 8 ans il y a de la destruction de valeur sur l’alimentation […]. Le pouvoir d’achat des consommateurs s’est maintenu au détriment du pouvoir d’achat des agriculteurs. C’est l’échec de la distribution à la française ! » assène la présidente de la FNSEA

 

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L’évolution des coûts imposera de revoir les prix

Le contexte est inédit et personne ne s’attendait à une telle inflation des coûts des matières premières, rapportent tous les acteurs présents à la table-ronde. Pour le PDG. de système U, Dominique Schelcher, la sanctuarisation de la part de la matière première agricole est une « bonne chose ». Mais au regard de l’évolution actuelle des coûts, il prévient que « cette année nous n’aurons pas d’autre choix que de se revoir durant l’année » pour réviser les prix. Les négociations ne sont peut-être pas encore vraiment finies.

 

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(1) Association nationale des industries alimentaires.