Depuis février, la situation des nappes phréatiques sur l’ensemble du territoire s’est progressivement dégradée, en grande partie en raison d’un début précoce de la période de vidange sur une large zone au nord du pays. Toutefois, « l’état global des réserves reste satisfaisant en mai, avec 46 % des points d’observation au-dessus des normales mensuelles, 35 % en dessous et 19 % proches des normales », indique Violaine Bault, hydrogéologue au Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), lors d’un point avec la presse tenu le 13 juin 2025. À la même période l’an dernier, près de 70 % des nappes affichaient des niveaux supérieurs aux normales saisonnières.

Situations des nappes inertielles

Au niveau du bassin de l’Artois et du Bassin parisien, les situations restent excédentaires avec des niveaux modérément hauts à très hauts. Les nappes de l’Est lyonnais affichent également des niveaux excédentaires.

« Les situations des nappes du Sundgau (sud Alsace) et du couloir Rhône Saône n’ont que très peu évolué durant la recharge de 2024-2025. Les niveaux du Sundgau (sud de l'Alsace) et du couloir de la Saône demeurent respectivement modérément bas et comparables aux normales depuis l’été 2024, du fait de leur inertie très importante », affirme le BRGM dans son communiqué. Les situations locales restent contrastées, avec des niveaux pouvant varier de bas à hauts.

Situation des nappes réactives

Dans le nord du pays (Boulonnais, Grand Est, Jura, nord et centre du Massif central, Massif armoricain), les nappes réactives sont largement impactées par les pluies efficaces déficitaires de ces derniers mois et présentent des niveaux peu satisfaisants. « Les niveaux sont particulièrement déficitaires, localement de bas à très bas, sur les nappes des calcaires jurassiques de Lorraine et du nord de la Côte-des-Bars ainsi que sur les nappes des formations volcaniques du Massif central. Des niveaux bas sont également présents sur de nombreux puits des nappes du socle des Côtes-d’Armor et du Finistère », note le BRGM.

Dans le Sud (Adour-Garonne, sud du Massif central, Languedoc, Provence, Côte d’Azur et Corse), les nappes enregistrent une amélioration faisant suite aux pluies de printemps et présentent des situations satisfaisantes pour la plupart des nappes. Concernant les « nappes alluviales de l’Aude, les niveaux se sont un peu améliorés à la fin de l’hiver. Dans le Roussillon, les pluies d’hiver n’ont pas permis de rattraper les déficits de ces deux dernières années », explique Violaine Bault.

Vives inquiétudes dans le Nord et le Roussillon

Météo-France émet des incertitudes quant aux prévisions de pluies saisonnières. « Cela va dépendre de l’humidité des sols car si le sol est sec ça va, les pluies vont d’abord humidifier les sols avant de s’infiltrer. Par contre, des températures élevées peuvent entraîner plus de prélèvements pour l’irrigation, le tourisme, etc. et donc impacter les niveaux des nappes sauf en cas de restriction de l’usage de l’eau », complète-t-elle.

De manière générale, les prévisions restent optimistes concernant les nappes réactives du sud (à l’exception de l’Aude) et les nappes inertielles du Bassin parisien et de l’Est lyonnais. En revanche, les perspectives sont plus préoccupantes pour les nappes réactives du Nord et celles du Roussillon.