Au 1er juin 2024, la situation des nappes phréatiques est « très satisfaisante et exceptionnelle », indique Violaine Bault, hydrogéologue au Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), lors d’un point avec la presse tenu le 14 juin 2024. Si cette conjoncture n’est pas « inédite » au cours de l’histoire, mai 2024 devient tout de même le quatrième mois le plus humide pour les nappes sur ces trente dernières années.

Sur l’ensemble des réserves d’eaux souterraines, 70 % d’entre elles affichent des niveaux au-dessus des normales et 19 % en dessous. Le mois de mai se caractérise habituellement par une période de vidange avec une reprise de la végétation. Les pluies printanières de cette année ont permis de maintenir un niveau particulièrement élevé. Seules les nappes situées en Corse, dans le Roussillon et l’Aude maintiennent une recharge déficitaire.

Situation des nappes d'eaux souterraines au 1er juin 2024, en France métropolitaine. (©  BRGM)

État des nappes inertielles et réactives

Les niveaux des nappes du bassin de l’Artoisse se vidangent encore et tendent à la baisse. La recharge est encore active mais s’atténue au niveau des bordures du Bassin parisien, dans le Sundgau et dans le couloir Rhône-Saône. « Sur les nappes réactives, les niveaux restent stables grâce aux pluies du mois de mai mais ces épisodes de recharge ont souvent peu d’impact en raison d’une reprise de la végétation. Si une recharge avait eu lieu en janvier, l’effet sur la recharge aurait été plus important », précise Violaine Bault.

La période de vidange a débuté en avril et s’est confirmée en mai du côté de la bordure du Bassin parisien, du Massif armoricain, de l’ouest du Bassin aquitain, en Provence, en Côte d’Azur et en Corse. Les nappes avec des niveaux stables ou en hausse ont reçu des pluies efficaces et importantes en mai. Il s’agit de la bande allant de l’Alsace et la Lorraine au littoral languedocien et à la vallée amont de la Garonne, en passant par le Jura et le Massif central.

« Les nappes du Roussillon ont enregistré de très faibles hausses de niveaux à la fin d'avril et au début de mai. Seules les nappes des deux tiers ouest du Massif central ainsi que de l’est du Languedoc ont observé des recharges conséquentes. En particulier, les nappes du socle du Limousin, les nappes de la plaine de la Limagne, les nappes des volcans du Massif central et les nappes des calcaires jurassiques karstifiés des Causses du Quercy et de leurs bordures », ajoute le BRGM dans un communiqué de presse diffusé le même jour. La situation reste très préoccupante en Corse.

Un bilan plus positif

L’année 2024 fait peau neuve et se veut plus positive. « En mai 2023, le mois était très sec. À ce jour, on observe 38 % des niveaux en hausse contre 18 % des niveaux en hausse l’année dernière », constate l’hydrogéologue. Les écarts ne s’arrêtent pas là. En mai 2024, près de 22 % des niveaux sont en hausse pour 1 % seulement en 2023. De même, 19 % des nappes affichent des niveaux sous les normales en mai 2024 contre 66 % il y a un an.

Cette recharge permettra-t-elle toutefois de rester à flot en cas d’épisode caniculaire ou de sécheresse hivernale ? Tout dépendra du type de nappes. « Si on a une sécheresse l’hiver prochain sur les nappes inertielles, la situation sera meilleure que l’année dernière avec des niveaux normaux ou modérément bas. Ce ne sera pas forcément le cas pour des nappes réactives car elles n’ont pas les mêmes natures et ni les mêmes profondeurs. Ces dernières peuvent retrouver des niveaux très bas en seulement 6 à 8 semaines », éclaire Violaine Bault. De manière générale, le BRGM se veut optimiste à l’exception des secteurs affichant des niveaux bas à très bas.