Sébastien Reynier, Sylviane Lefez et Max Doux sont tous trois délégués administrateurs auprès de la Mutualité sociale agricole (MSA). Cette année, ils se portent de nouveau candidats dans leur circonscription aux élections MSA, qui se dérouleront du 5 au 16 mai 2025. Ces élections sont sous candidature individuelle pour chaque canton. Mais elles peuvent faire l’objet de « candidatures regroupées » sous une bannière syndicale. Les trois élus sont tous affiliés à un syndicat. Agricole, pour les deux premiers qui sont élus au sein de leurs FDSEA. Le troisième, Max Doux, salarié, se présente sous les couleurs de la CGT. L’inscription syndicale est obligatoire pour les candidatures du collège des salariés agricoles.

Distinguer les fonctions des engagements

Mais chacun tient à distinguer les fonctions syndicales de leur engagement auprès de la MSA, en particulier les deux exploitants. « On ne fait pas de syndicalisme autour de la table entre administrateurs », assure l’éleveur périgourdin. Sébastien Reynier est attaché à défendre « la partie sociale de l’agriculture » : les retraites et le congé paternité par exemple, plutôt qu’un syndicat.

Dans son canton en Dordogne, pas de mention de la FNSEA au sein de sa liste des candidatures regroupées, la seule du territoire. Il en est de même pour Sylviane Lefez qui s’est présentée sous candidature individuelle en Seine-Maritime. Dans son canton, aucune candidature n’est affiliée à un syndicat. « Chez nous on n’a pas de liste syndicale, on essaie d’avoir des gens de toute sensibilité et de faire une équipe », défend l’éleveuse.

Au niveau national pourtant, la course est lancée : la FNSEA et Jeunes agriculteurs (JA) assure avoir « environ 3000 candidatures » regroupées « sous bannière JA/FNSEA [qui] défendent un programme clair, concret et ambitieux », ont-ils annoncé dans un communiqué daté du 17 avril 2025. La Coordination rurale prévoit de présenter 537 candidats sous bannière « CR » et a organisé une conférence de presse pour l’occasion le 29 avril. La Confédération paysanne a recensé 391 candidatures regroupées sous son étiquette. Le Modef « présente des candidats dans 10 départements », soutient Christian Reigue, son trésorier adjoint.

Miser sur les institutions locales

Sur les 8 840 candidats (aux collèges exploitants et employeurs), plus de quatre sur dix sont regroupées sous une bannière syndicale. La dimension syndicale pourrait-elle motiver les adhérents à aller voter ? Ce n’est pas sûr. Déjà, les candidatures des délégués sont en baisse, signe du manque d’intérêt pour le sujet : pour le premier collège, celui des exploitants, elles sont passées de 6 445 en 2020 à 6 152 en 2025.

Nombre de cantons sont également délaissés : d’après la MSA, 10 % des 5 000 circonscriptions n’ont reçu aucune candidature, empêchant de facto, les électeurs de voter dans ces territoires. En 2020, seuls 26,08 % des électeurs avaient pris la peine de voter pour leurs délégués. Mais si les agriculteurs peinent à se mobiliser pour ces élections, les syndicats eux, apparaissent bien conscients de l’intérêt du scrutin pour une organisation représentative.

Car au-delà d’avoir des délégués sous leurs couleurs, les syndicats espèrent surtout obtenir des places aux conseils d’administrations des caisses locales, voire leur présidence. Car y siéger est une source d’information précieuse pour suivre les dossiers sociaux du secteur agricole. « Si on n’a pas de postes d’administrateurs, on n’a pas d’information sur les programmes locaux » des caisses MSA, assure-t-on du côté de la Confédération paysanne, en marge de son congrès.

À cette occasion, le syndicat a annoncé vouloir miser sur sa présence locale pour se renforcer. La Coordination rurale, qui se revendique régulièrement « responsable » est, elle, en quête de respectabilité après la virulence de certaines de ses actions lors de la crise agricole. Et la FNSEA et JA pourraient vouloir maintenir leur posture majoritaire dans les instances locales après avoir subi un coup de revers aux élections chambre du début d'année.

Quand on connaît les passes d’armes lors des élections des présidents de chambre d’agriculture, celles des délégués MSA pourraient-elles provoquer du grabuge dans les conseils d’administration des caisses locales ?  À moins que l’expérience du terrain ait raison d’une quelconque bataille syndicale, comme le constate Sébastien Reynier. Des véhémences de début de mandats, l’administrateur en a vu passer assure-t-il, mais les nouveaux élus « remettent moins en cause les actions de la MSA une fois que nous sommes au charbon », constate-t-il.