La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) représente la quatrième cause de décès et est encore largement sous-diagnostiquée. « De nombreux professionnels de divers secteurs sont pourtant exposés à des polluants dans l’air potentiellement responsables de cette maladie », souligne l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation de l’environnement et du travail (Anses) dans un rapport d’expertise publié le 20 novembre 2025.

« Lien avéré »

Le travail dans le secteur agricole peut exposer à l’inhalation de multiples polluants dans l’air. Qu’il s’agisse de particules d’origine végétale, le foin, la paille, les pollens, et celles d’origine animale tels que poils, plumes ou fientes dans des bâtiments d’animaux. Ces particules constituent, avec les vapeurs, les gaz et les fumées, des irritants pouvant causer « des dommages directs dans les voies respiratoires ».

Le travail d’expertise de l’Anses permet de conclure au « lien avéré » entre les expositions professionnelles aux polluants émis dans l’air (hors phytos déjà étudiés en 2022) et le développement de la bronchopneumopathie chronique obstructive.

Alors que se tient aujourd’hui 21 novembre 2025 la journée mondiale de la BPCO, l’Agence recommande de sensibiliser le public à cette maladie non réversible caractérisée par une obstruction permanente des voies aériennes.

Des expositions « multiples »

Si le tabagisme reste le principal facteur de risque de survenue de cette maladie, environ 15 % des cas seraient d’origine professionnelle, selon plusieurs études scientifiques relevées par l’Anses. Les secteurs agricoles et industriels (1) sont ainsi « associés à un risque accru de survenue de cette pathologie », soulignent les experts de l’agence.

Les nouvelles données analysées dans le cadre de cette expertise ont permis de « lister un nombre important de travaux impliqués ». Ce qui illustre « la réalité des expositions multiples » des professionnels de nombreux secteurs d’activité, aux vapeurs, gaz, particules ou fumées.

La combinaison de l’exposition à ces polluants avec le tabagisme, « peut également augmenter les risques de développer la maladie ou aggraver les symptômes chez les personnes déjà atteintes ».

Une maladie professionnelle encore « sous-déclarée »

Pourtant, « la BPCO est une maladie professionnelle sous-déclarée et sous-reconnue », alerte l’Anses. BPCO, bronchite chronique et insuffisance respiratoire chronique ne représentent que 2 % des demandes de reconnaissance en maladie professionnelle, soit 574 demandes au total déposées entre 2014 et 2022. Des demandes qui aboutissent dans seulement moins d’un cas sur cinq.

L’Anses déplore que la BPCO « reste principalement comprise et gérée comme un problème de santé publique, bien moins comme un problème de santé-travail ». Bien souvent le lien direct qui est fait avec le tabagisme limite cette reconnaissance, et même avant, il freine la démarche de déclaration en elle-même.

La BPCO est une maladie respiratoire non réversible encore sous-diagnostiquée et aussi peu reconnue en tant que maladie professionnelle. (©  Anna Huot Hermann/GFA )

L’agence propose aussi que soit discutée la création d’un tableau unique pour « faciliter les démarches de reconnaissance » de cette pathologie en maladie professionnelle. Actuellement il en existe plusieurs concernant la BPCO. Or, explique l’Anses, « la multiplication des tableaux en lien avec une même pathologie complexifie les démarches de reconnaissance, pour les assurés et les médecins qui les suivent, du fait de l’hétérogénéité des désignations et des délais de prise en charge mentionnés dans chacun des tableaux ». L’Anses avait d’ailleurs déjà recommandé une mise à jour des tableaux des maladies professionnelles en avril 2025.

Sensibiliser et déployer le dépistage

De plus, cette maladie est sous-diagnostiquée « en raison de sa progression insidieuse et lente ». Elle est mal connue et « les patients consultent souvent tardivement lorsque leur capacité respiratoire est déjà significativement altérée », alarment les experts. L’Anses préconise ainsi « de déployer le dépistage de la BPCO […], afin de réduire le sous-diagnostic et de prévenir l’aggravation de cette maladie par une prise en charge plus précoce ».

(1) Les secteurs concernés qui sont listés dans le rapport de l’Anses : mines et carrières, bâtiment et travaux publics, fonderies, sidérurgie, cokeries, industries textile et chimique, secteur agricole.