Le 18 septembre 2024, FranceAgriMer a partagé les résultats de son enquête sur la qualité du blé dur de la récolte française de 2024. « Il y a une forte hétérogénéité entre les bassins et à l’intérieur du même bassin, constate Christine Bar, cheffe du service des qualités et valorisations d’Arvalis. On peut dire que la qualité du blé dur est assez dégradée cette année. »
Réalisée en partenariat avec Arvalis, cette enquête est issue de l’analyse de 134 échantillons, prélevés à l’entrée de 88 silos de collecte, et répartis sur les quatre principaux bassins de production (Centre, Ouest Océan, Sud-Est et Sud-Ouest). La teneur en protéines est en moyenne de 13,8 % au niveau national, et 90 % des blés durs affichent une teneur supérieure à 13 %, et 78 % à 13,5 %. Les moyennes régionales s’échelonnent de 13,3 % et 14,2 %. Les teneurs en protéines les plus élevées sont observées dans le bassin Centre.
Poids spécifiques moins bons qu’habituellement
Par ailleurs, 29 % des blés présentent un poids spécifique (PS) à l’entrée des silos de collecte supérieur à 78 kg/hl et 21 % en dessous de 72. « Ce qui ne reflète pas la qualité habituelle du blé dur sur ce critère, note Chatou Laouan Brem Boundi, chargée d’études à FranceAgriMer sur les enquêtes qualité. Les valeurs de PS sont très hétérogènes au sein des bassins de production : ils sont plus élevés dans le Sud, et sont les plus faibles dans le Centre. »
La teneur en eau, en moyenne de 13 %, est plus élevée qu’habituellement, dégradée par les nombreux épisodes pluvieux pendant la récolte. Au niveau national, 89 % des blés durs ont une teneur en eau inférieure à 14 %, « compatible avec une bonne conservation des grains, et qui ne suscitera pas de séchage dans la majorité des cas », ajoute la spécialiste.
Malgré les pluies de fin de cycle, le temps de chute de Hagberg est bon : 78 % de la collecte est au-dessus de 250 secondes, et seulement 6 % en dessous de 200 secondes. « Cet indicateur est le plus élevé dans le bassin du Sud-Est, avec la totalité de la collecte au-dessus de 250 secondes », souligne-t-elle.
Fort taux de grains mouchetés, surtout en Ouest Océan
Le taux de grains mouchetés s’élève à 5,2 % en moyenne nationale. Il a été « très affecté par les conditions climatiques à la floraison, car ce critère est dépendant de la fréquence des pluies au printemps », explique Christine Bar. Le bassin Ouest Océan est le plus impacté. Les trois autres bassins ont en moyenne des teneurs inférieures à 5 %.
« Les grains mouchetés correspondent aux taches noires que l’on retrouve dans le sillon des grains. Cela peut entraîner des piqûres noires dans la semoule et dans les pâtes, ce qui est un critère de non-acceptabilité par les consommateurs. Les pastiers éliminent ces grains », détaille Christine Bar. Au total, 50 % des blés ont une teneur en grains mouchetés inférieure à 5 %, et 43 % inférieure à 3 %.
« Ce critère est celui qui affecte le plus le taux de GMF (somme des grains germés, mouchetés, fusariés), un critère de qualité classique dans les contrats de blé dur », poursuit-elle. Le taux de GMF est en moyenne de 5,8 % cette année. Les niveaux de GMF sont assez hétérogènes entre et au sein des bassins de production. Les valeurs les plus élevées sont essentiellement observées dans le bassin Ouest Océan, les trois autres bassins présentant des valeurs inférieures à 5 %. « Au total, 79 % des échantillons analysés ont moins de 8 % de grains GMF, dont 46 % en ont moins de 5 % », ajoute Christine Bar.
Vitrosité moyenne
La vitrosité s’établit à 84 % en moyenne. « Elle masque une disparité en lien avec l’hétérogénéité de teneur en protéines, et les pluies de fin de cycle », rapporte Christine Bar. Le Sud-Est et, dans une moindre mesure, le bassin Ouest Océan, présentent des valeurs plus faibles que les bassins Centre et Sud-Ouest, où les valeurs moyennes sont supérieures à 85 %.
Plus un grain est vitreux, plus il va permettre de fabriquer de la semoule. Au contraire, moins il l’est, plus il produit de la farine. « Or, pour fabriquer les pâtes, on a besoin de semoule et pas de farine », informe la spécialiste.