« Épuisement et abattement ». Deux mots qui résument l’état d’esprit des agriculteurs en cette fin de campagne 2024. « On y est tout le temps, mais on n’avance pas », explique Yohann Serreau, agriculteur dans le Perche, devant le ministre de l’agriculture.

Alors qu’il reste encore 30 % des surfaces à moissonner, une dizaine de responsables agricoles locaux et nationaux ont interpellé Marc Fesneau le 29 juillet, à Sainville, afin de préciser les impacts sur les trésoreries de cette année catastrophique. Le ministre démissionnaire a montré qu’il était toujours en activité : 2 h 30 sur le terrain, d’abord avec les sympathisants de la FNSEA, puis avec ceux de la Coordination rurale.

Activer « la réserve de crise »

Face à cette mauvaise récolte, les syndicats demandent des mesures exceptionnelles comme l’exonération de la taxe sur le foncier non-bâti, le report des cotisations sociales MSA ou le report des annuités bancaires. « Les autres mesures relèvent du projet de loi de finance. Et personne n’est naïf, souligne Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA. Dans le contexte politique actuel, ce sera très compliqué ».

Le syndicat préfère militer pour activer la « réserve de crise », un mécanisme d’urgence européen lié à la nouvelle Pac. Comme toutes les aides européennes, celle-ci est soumise à la règle des minimis, soit 20 000 € par exploitation sur trois ans. Des discussions à Bruxelles débutent afin d’augmenter cette enveloppe. D’après les premiers échos, elle pourrait atteindre les 37 500 €. « Je comprends le contexte politique français, mais c’est maintenant qu’il faut y travailler. Les agriculteurs ne peuvent pas attendre le 20 août et le nouveau gouvernement », ajoute le président de la FNSEA.

Des dispositifs prêts à l’automne

Marc Fesneau proposera « un cadre d’intervention » d’ici dix jours. Il souhaite d’abord attendre la fin des moissons pour documenter objectivement les pertes, puis mettre en place une panoplie d’aides adéquates. « Le sujet des cotisations sociales est sur la table, nous discuterons aussi avec les assureurs et je vais regarder les contraintes pour les couverts. Le dégrèvement de taxe sur le foncier non bâti (TFNB) et la mobilisation de la déduction pour épargne de précaution (DEP) pourront être mobilisés, si nécessaire. Je me charge de suivre le dossier pour que les dispositifs soient prêts à l’automne », s’engage le ministre de l’agriculture, qui d’ici là aura quitté son poste pour devenir député.

Aurélie Hallain, présidente de la coordination rurale d’Eure-et-Loir a envie d’y croire. « Le moral des agriculteurs est vraiment bas. Le gouvernement a intérêt à faire quelque chose car sinon ça va péter en septembre ». Pas de pause olympique pour les agriculteurs, le ton monte d’un cran dans les campagnes…