En cette mi-juillet, la pluie a continué de jouer les trouble-fêtes en retardant les récoltes. « Depuis le mois d’octobre, on n’a jamais quitté l’automne », appuyait le jeudi 11 juillet 2024, Benoit Piétrement, président de la coopérative Novagrain. Selon le dernier bulletin Céré’Obs, au 8 juillet, 61 % seulement des orges d’hiver étaient récoltées, contre 90 % à la même date en 2023. Blé tendre et blé dur atteignaient respectivement 4 % et 18 % (contre 26 % et 54 % en 2023).

Chambres d’agriculture France confirmait le 11 juillet que les conditions météorologiques, avec un excès d’eau et un manque d’ensoleillement, sont en grande partie responsables de moissons décevantes. « Il a été très compliqué de maîtriser les maladies et les mauvaises herbes cette année avec des créneaux de passage limités et des solutions qui ne sont plus vraiment efficaces », complète un conseiller en Lorraine.

Les premiers résultats de la moisson de 2024 remémorent donc souvent ceux de 2016, notamment dans le nord du territoire. Et le ministère de l’Agriculture (1) de compléter : « En 2024, la production de blé tendre est estimée à 29,7 millions de tonnes (Mt) contre 35,1 Mt en 2023. » En vingt ans, seules deux autres récoltes n’ont pas franchi les 30 Mt, celle « particulièrement basse » de 2016, et celle de 2020. S’il estime pour le moment le rendement du blé tendre à 69,9 q/ha, au 5 juillet Arvalis et Intercéréales misaient plutôt sur 64 q/ha.

De 20 à 25 % de volume en moins

Au début de cette semaine, seules les zones les plus méridionales étaient avancées sur blés tendre et dur avec des rendements et une qualité plutôt satisfaisants. Ailleurs, les chantiers attendaient une accalmie de la météo. Malgré tout, les organismes stockeurs s’attendent à des pertes de volumes de l’ordre de 20 à 25 % comparativement à l’an dernier. Il est trop tôt pour se prononcer au sujet de la qualité du blé tendre, mais beaucoup s’inquiètent notamment du poids spécifique (PS), qui pourrait être dégradé.

La production d’orges d’hiver et de printemps est, quant à elle, estimée à 11,3 Mt (–8 % comparativement à 2023) avec un rendement des orges d’hiver en baisse de 9,3 %, à 64,3 q/ha. « C’est la grosse déception ! On savait que ça ne serait pas bon mais on n’imaginait pas que ça serait à ce point-là », confie un opérateur de la Picardie. Et si certains comme Soufflet annonçaient au 12 juillet une qualité satisfaisante (protéine de 10,7 %, des calibrages > 80 %, un PS de 62 kg/hl), d’autres s’inquiétaient dans le Limousin, le Rhône-Alpes, ou encore le Centre.

(1) Dans Agreste - Grandes cultures du 9 juillet 2024.