Le dernier bulletin Céré’Obs le démontre encore une fois. Il y a eu au cours de la campagne un impact du manque d’eau, accentué par les épisodes caniculaires de l’été (lire l'encadré) tout au long du cycle du maïs grain. FranceAgriMer mentionne en effet des conditions de cultures bonnes à très bonnes à nouveau en baisse. En l’espace d’une semaine, elles ont perdu 3 points et atteignent seulement 62 % de la sole, contre 76 % à la même date en 2024.
On observe clairement un gradient Sud-Nord marqué avec pour régions les plus impactées : l’Occitanie (52 %), la Nouvelle-Aquitaine (54 %) et l’Auvergne-Rhône-Alpes (54 %). À l’inverse, le Grand Est présente 87 % de parcelles en bon à très bon état.
Davantage de pluie au nord
« En sec, des régions au nord ont eu des pluies plus conséquentes à la fin de juillet avec des bilans hydriques moins difficiles. En Alsace, ils devraient par exemple s’en sortir un peu mieux. En Beauce, même si cela peut être très hétérogène en fonction du type de sol, les rendements devraient être bons, y compris en sec. Il y a eu en effet de la pluie fin juillet qui a accompagné la floraison, suivi d’un retour de précipitations mi-août, qui pourrait avoir un impact positif sur les PMG (poids de mille grains) », estime Aude Carrera, animatrice en maïs grain chez Arvalis.
Plusieurs opérateurs rapportent que les maïs semés précocement ont souvent relativement mieux résisté au déficit hydrique et aux fortes chaleurs. Toutefois selon les régions, les floraisons précoces ont pu tomber à une période « vraiment défavorable », rapporte Aude Carrera. Cela a d’ailleurs été le cas de José Savoldelli, maïsiculteur en Ariège.
Elle précise : « Poitou-Charentes et Pays de la Loire sont des zones où les maïs pluviaux vont être très impactés. Ils ont eu à la fois des floraisons assez précoces et des stress hydriques qui se sont installés très tôt dans la saison. Dans le Berry et en Auvergne-Rhône-Alpes, cela risque aussi d’être compliqué. »
Si la profession s’accorde sur le fait que les maïs irrigués devraient bien s’en sortir, Albert Porte-Laborde, consultant expert en maïs, fait savoir : « Les busages des pivots sont généralement suffisants mais cette année, des maïs irrigués vont souffrir parce qu’avec des enrouleurs, on n’a pas toujours pu répondre aux besoins exprimés le jour J et l’irrigation a pu arriver un peu tard. »
« On observe d’ailleurs sur les maïs en production de semences pas mal de problèmes de fécondation cette année », déplore un opérateur en Auvergne. À cela s’ajoutent par endroits des restrictions d’irrigation, comme cela a été le cas en Charente, par exemple. Mais en moyenne, il semble qu’il y ait plutôt eu moins de restrictions d’eau que d’habitude.
Jusqu’à 15 jours d’avance
Ce climat aboutit à un avancement des stades comme le confirme encore le dernier rapport Céré’Obs, puisque l’« humidité du grain à 50 % » est passé de 12 % à 34 % en sept jours, contre 7 % en 2024 et 19 % sur la moyenne quinquennale. Un opérateur en Charente précise : « La somme des températures élevée a accéléré le cycle pour les cultures qui étaient bien alimentées en eau. Pour les autres, cela a provoqué une sénescence prématurée. »
Sur le terrain, beaucoup s’accordent donc pour dire que les maïs devraient être récoltés entre dix jours et trois semaines plus tôt. Si évidemment ces conditions impactent également les chantiers d’ensilage, qui sont aussi précoces cette année (lire l'encadré), des récoltes de maïs « conso » ont même débuté à la marge, comme dans les Landes et le Gers.
Les rendements sont de plus attendus en moyenne à la baisse. Les organismes stockeurs des zones méridionales misent sur des baisses jusqu’à –10 % en irrigué et entre –20 et –40 % en pluvial. Des estimations qui cachent d’ailleurs une grande hétérogénéité avec de très bons rendements possibles — en irrigué ou en sec, notamment en Normandie, ou dans le Grand Est — ou encore des résultats catastrophiques. Pour les semis les plus tardifs en non-irrigués, certains maïs pourraient parfois ne pas être récoltés. « C’est un peu le couperet qui tombe entre rendements malmenés et prix déprimés », appuie Albert Porte-Laborde, qui précise qu’actuellement le cours du maïs est seulement autour de 180 €/t.
Bon nombre d’agriculteurs vont donc attendre que les maïs sèchent sur pieds. « Les années précoces, ils ont tout intérêt à attendre, d’autant que les frais de séchage demeurent élevés. Et cela est d’autant plus vrai qu’il reste encore du temps avant les semis de blé », souligne un opérateur en Champagne.
Début des récoltes en tournesol
En tournesol, le constat est souvent le même : impact du manque de précipitations et de la canicule. Le cru 2025 risque de ne pas être exceptionnel. Cette culture, même si elle est plus résiliente que le maïs, est en effet rarement irriguée. Cette fois, les moissons ont déjà débuté dans plusieurs régions car le tournesol ne supporte pas d’attendre. Sans quoi, il peut y avoir de la casse de tige et de dégâts d’oiseaux. Pour le moment, les graines ne nécessitent pas de séchage au contraire de l’an dernier. Un organisme stockeur d’Auvergne se remémore ainsi des tournesols moisis sur pieds et souvent pas ramassés en 2024.
Quant au soja, souvent irrigué, il a dû faire face à des attaques de ravageurs dans plusieurs zones (acariens, héliothis…). Malgré tout, ils devraient dans l’ensemble présenter des rendements moyens à bons. Seul dans le Rhône-Alpes un organisme stockeur alerte sur des problèmes de fécondation due à l’excès de chaleur.
Enfin, si certains agriculteurs avaient dès la fin de juillet implanté leur colza, les chantiers se sont depuis étalés. La crucifère était couramment dans le sec mais atteignait déjà deux feuilles par endroits, comme en Lorraine. Les semis ont depuis été boostés cette semaine par l’annonce de pluie dans beaucoup de régions.