Marc Fesneau a eu les honneurs de terminer le congrès des Jeunes Agriculteurs, le 8 juin 2023 à Saint-Malo. Le ministre de l’Agriculture a balayé tous les sujets du moment, souvent en prenant fait et cause pour son auditoire.
Sans surprise, la question des phytosanitaires était en bonne place dans le discours de Marc Fesneau. Pour le ministre, les agriculteurs n’ont pas suffisamment de visibilité « C’est dans le cadre européen que doivent se régler les questions sur les phytosanitaires » tranche-t-il avant de préciser « on ne peut pas faire vivre des filières en pensant que les interdictions produisent des solutions ».
Un manque de compétitivité
Devant des professionnels inquiets des conséquences des accords commerciaux, le ministre a d’abord tenté de changer de perspective : « La principale concurrence que nous avons au niveau national, c’est une concurrence européenne. Donc c’est d’abord une question de compétitivité et de surtransposition chez nous. Il faut regarder notre compétitivité dans l’espace européen car c’est là que nous avons perdu des parts de marché. C’est le cas des fruits et légumes mais aussi en partie pour la viande » analyse-t-il.
Un mot pour la bio
« Il y a une crise et c’est une crise sérieuse », observe Marc Fesneau en évoquant le marché de la bio. En plus des aides déployées pour la filière, le ministre a évoqué une autre piste pour sortir de l’ornière « il faut structurer la demande et la pousser. Et qui de mieux que l’État pour montrer l’exemple ? », a-t-il déclaré. Quelques instants plus tard, l’idée de passer par la commande publique sera posée par le ministre.
Mais la balle est aussi dans le camp de la distribution pour Marc Fesneau « Ce ne serait pas idiot au moment où la crise du bio est forte que la grande distribution se dise qu’il faut rééquilibrer les marges pour éviter d’en faire plus sur le bio que sur le conventionnel. Quand ça allait bien il y avait tout le monde pour allonger les linéaires et maintenant tout le monde se replie, ça ne va pas » dénonce-t-il. Le ministre a également tenté de redire son engagement pour Egalim. En répondant à une demande des Jeunes Agriculteurs, il a assuré que davantage de contrôles seraient effectués.
Défendre l’élevage
La viande était aussi au menu du discours du ministre. Sans nommer son homologue à l’Économie, Marc Fesneau a dit tout le mal qu’il pensait des dernières positions de Bruno Le Maire « tandis que certains viennent taper sur l’élevage, ils vont défendre la viande cellulaire. C’est un concept tout de même ! Les mêmes qui en plus, se plaignent derrière des grands groupes de l’agro-industrie » dénonce-t-il. « Si on défend la souveraineté, si on défend les prairies, si on défend les haies, alors il faut défendre l’élevage » clame-t-il.
Alors que les rapports des groupes de travail du Pacte et Loi d’orientation et d’avenir agricoles ont été remis, Marc Fesneau s’est voulu prudent sur la mise en place éventuelle des propositions. « La Loi d’orientation c’est un cap, c’est pour 2040 et pas pour 2024. La réglementation et les orientations techniques doivent se faire avec les professionnels agricoles, pas dans une loi. Au parlement de contrôler, réaffirmer que l’activité agricole relève de l’intérêt général » prévient-il.