« Il était hors de question que je mette 500 000 € dans une trancheuse, j’ai donc dessiné et conçu mon propre système ». Roger Triponney, entrepreneur dans l’est de la France, enfouit seul des réseaux d’eau pour alimenter des abreuvoirs en Suisse et France depuis dix ans.

L’entreprise GTechniques, installée aux Combes, dans le Doubs, est amenée à travailler dans tout le Jura français et suisse. En plus de vendre des abreuvoirs, elle propose également une prestation d’enfouissement de réseaux d’eau, d’électricité ou de fibre. Pour ce faire, Roger s’est construit son propre outil afin de trancher et de poser le tuyau en un seul passage. « Mon cahier des charges était simple : concevoir une machine pas trop chère et pouvoir la transporter sur la route sans avoir besoin d’un porte char. C’est pourquoi la trancheuse que j’ai fabriquée pèse 7 tonnes et peut se déplacer sur la route grâce à deux roues de transports qui s’escamotent hydrauliquement en position travail », explique l’entrepreneur.

Trancher, enfouir, tamiser

Le disque tourne à une vitesse de 120 tr/min. (©  Paul Denis/GFA)

« L’organe principal est le disque de tranchage. Je l’ai muni de dents en carbure de tungstène qui attaquent la matière en tournant à une vitesse 120 tr/min. Le disque est directement entraîné à la vitesse de 540 tr/min par la prise de force du tracteur, via un boîtier renvoi d’angle. » Derrière le disque se trouvent deux éléments importants, un soc qui guide le tuyau au fond de la tranchée de 15 cm de largeur et de 60 cm de profondeur et un système de crible qui sert à traiter la terre extraite. « En effet, toute la terre extraite par le disque, n’est pas évacuée, une partie passe par un système à fléau et un crible afin d’être tamisée. Ce système de secouage m’assure qu’aucun caillou ne se retrouve en contact avec le tuyau. Seule une couche de terre fine vient recouvrir la conduite », indique Roger. Le plus gros du volume de terre est, quant à lui, déposé de part et d’autre de la saignée, jusqu’au rebouchage de la tranchée.

Une partie de la terre est passée dans un crible afin de recouvrir le tuyau sans apporter de cailloux. (©  Paul Denis/GFA)

C’est un autre outil fait par Roger qui sert à refermer la tranchée. Il est composé de deux brosses rotatives qui rapportent la terre dans le trou. Une fois plusieurs passages avec les brosses effectués, Roger roule sur la zone travaillée avec son tracteur pour finir de tasser l’endroit travaillé.

Le système de brosses qui sert au rebouchage est couplé à un troisième point hydraulique afin de bien répartir la terre sans trop creuser. (©  Paul Denis/GFA)

Placer précisément l’outil

La trancheuse est installée sur une interface déportable hydrauliquement. « Je me sers du déport hydraulique lorsque je dois raser une haie ou un mur. Le disque se retrouve alors dans l’alignement de ma roue arrière droite. En plus de ce réglage, mon tracteur est doté de chandelles hydrauliques qui me servent à corriger l’aplomb afin que mon disque travaille le plus droit possible. »

Tout un bloc de distributeurs a été ajouté au-dessus du bloc hydraulique du tracteur. (©  Paul Denis/GFA)

Hormis le disque qui est entraîné mécaniquement, l’ensemble regroupe de nombreux systèmes hydrauliques, du dispositif de verrouillage du touret au moteur qui anime le crible. L’entrepreneur s’est donc rapproché d’Hydrokit pour que l’entreprise lui fabrique un bloc d’électrovannes sur mesure qui vient s’intégrer au-dessus du bloc hydraulique du tracteur. Pour piloter cet ensemble, Roger dispose d’un boîtier en cabine qui lui sert entre autres à gérer l’activation du fléau et du crible, déverrouiller le touret sur le chargeur ou bien actionner le déport de la trancheuse.

Un boîtier installé en cabine regroupe l'ensemble des commandes hydrauliques de la trancheuse. (©  Paul Denis/GFA)

Toute une organisation

Avant toute opération de tranchage, l’entrepreneur commence par repérer avec l’agriculteur les endroits qu’il doit connecter. Il identifie ensuite les endroits où il va pouvoir faire passer sa trancheuse et donc enterrer son tuyau. « Une fois cette étape effectuée, je positionne mon ensemble dans le sens dans lequel je vais tirer ma ligne. Ensuite, je fixe solidement le tuyau à un pieu afin qu’il se déroule au fond du fossé au fur et à mesure de ma progression. Je laisse ensuite descendre la trancheuse en avançant progressivement jusqu’à ce que j’atteigne ma profondeur de travail. Je règle alors la vitesse d’avancement de mon tracteur sur 0,4 km/h et me concentre sur le travail, car cet outil requiert une surveillance de tous les instants. Il faut maîtriser la direction de l’ensemble avec précision. »

La trancheuse est prévue pour être déportée. (©  Paul Denis/GFA)

Le seul facteur qui va limiter le passage est la nature du sol. La trancheuse est quasiment capable de découper tout type de matière. « Je suis plus couramment dans la terre avec un peu de veine de pierres, mais il m’arrive également de couper de l’asphalte. Les seuls moments où je dois remonter la machine afin de protéger les dents, c’est quand je tombe sur des blocs de granit. »