Installé à Francourt (Haute-Saône), Emmanuel Brussey pratique une agriculture pointue et innovante pour valoriser au mieux le potentiel de ses 139 hectares : 70-72 q/ha en blé en moyenne sur cinq ans, 65 q/ha en orge, 38-42 q/ha en colza. Les cultures diversifiées d’hiver et de printemps – blé, orge, colza, tournesol, soja, chanvre, moutarde de Bourgogne – sont implantées dans le cadre d’une rotation longue. Depuis six ans, l’agriculteur a investi avec dix-sept exploitations de sa Cuma dans un réseau de quinze antennes Météus. Les données recueillies et actualisées tous les quarts d’heure – pluviométrie, température, humidité, direction et vitesse du vent – sont connectées à Prévi-Lis, un OAD (1) d’Arvalis. Abonné au modèle maladie, l’agriculteur reçoit, sur son smartphone ou sur son ordinateur, des alertes et un planning de traitement éventuel. Ce dernier tient compte des types de sol, des précédents, des dates de semis, des variétés, des façons culturales, etc. Fiable sur quatre jours, il est utilisable en blé et orge d’hiver.

Éviter les déplacements inutiles

« Grâce aux données précises propres à chaque îlot, l’outil nous aide à positionner nos traitements au mieux, en apportant la bonne dose au bon moment et en anticipant nos interventions, souligne Emmanuel. Outre le confort de travail, c’est un atout quand la parcelle à traiter est située à trois quarts d’heure ! » Une situation courante pour le céréalier dont le parcellaire, comme celui de ses collègues, est très éclaté (35 km entre ses parcelles les plus éloignées). « L’OAD m’évite de me déplacer pour rien, note-t-il. Je prépare le pulvérisateur la veille et j’aligne les bidons. » L’outil n’empêche pas de surveiller et d’aller voir régulièrement l’état des champs. « Il me conforte dans l’idée de ne pas faire de traitement ou alors un tout petit, pointe l’agriculteur, membre d’un réseau Dephy. Il m’a permis de répondre plus facilement aux exigences de ma seconde MAEC (2) Réduction d’IFT (3).

Grâce à Météus, les adhérents de la Cuma partagent les informations de leurs antennes et apprennent à mieux connaître leur territoire. « Là où les données recueillies confirment que la zone est froide, on évite les semis trop précoces. Pour obtenir le même niveau de précision en individuel, il faudrait investir dans quatre à cinq antennes. »

Collectivement, le coût de l’équipement, correspondant à la facture de la Cuma – amortissement et maintenance des antennes, abonnement – s’élève à 3,50 €/ha. « À ce prix, il serait bête de s’en passer. D’autant plus qu’il génère une réduction de coût phytosanitaire estimé entre 20 à 50 €/ha. » Un gain non négligeable, ramené aux 35 à 50 ha de blé cultivés chaque année. De trois traitements importants sur blé il y a quinze ans, contre le piétin verse et septoriose, Emmanuel Brussey est tombé à deux, voire un seul. Cette année, la première intervention contre la septoriose et la rouille brune a été réalisée mi-mai.

L’exploitation est aussi abonnée à Spotifarm. Les données recueillies par satellite sur la densité végétative des parcelles seront prochainement intégrées dans l’ordinateur du semoir de la Cuma, équipé en coupures de tronçons. De nouvelles économies sont en vue, alors que les prix des engrais flambent. Anne Bréhier

(1) Outil d’aide à la décision. (2) Mesures agroenvironnementales et climatiques. (3) Indicateur de fréquence de traitement.