Le contexte climatique particulièrement sec n’a pas été favorable aux maladies durant le printemps 2020. Ainsi, bien que les pathogènes aient été présents, leur impact sur les orges d’hiver n’a été que de 8,2 q/ha. Soit parmi les plus faibles des dix dernières années puisque la moyenne pluriannuelle est de 15,1 q/ha.

Quatre essais

Dans ces conditions, sur les quatre essais mis en place par Arvalis, deux ont pu être exploités sur helminthosporiose, trois sur rhynchosporiose et un seulement sur ramulariose. Le T1 a été réalisé au stade 1er nœud et le second traitement à la sortie de barbes. Avec comme mélanges de référence Unix Max 0,6 l/ha + Meltop One 0,3 l/ha en T1 et Kardix 0,7 l/ha + Twist 500 SC 0,14 l/ha en T2.

De nouvelles solutions intéressantes

« Il y a peu de différence de rendement entre une protection à un traitement et à deux traitements, informe l’institut. Le poids du T1 demeure ainsi très faible avec 2 q/ha maximum, et ce, bien que les essais aient été réalisées avec Etincel, une variété particulièrement sensible aux ma­ladies. » De plus, il n’y a pas eu de gros écarts en termes d’efficacité. L’usage de l’adjuvant LE 846 à 1 % n’a par ailleurs pas montré de différence signifi­cative en termes de rendement sur helminthosporiose comme sur rhynchosporiose. Une légère baisse a même été observée sur ramulariose. Arvalis va faire de nouveaux essais pour confirmer ou non ces résultats.

En T2, l’institut précise que les associations triples à base de SDHI, Qol et d’IDM présentent une activité très proche sur helminthosporiose et rhynchosporiose. Sur ramulariose, c’est Revystar XL + Comet 200 qui ressort.

Trois projets ont été testés dans les essais en 2020. Tout d’abord, GF3307 de Corteva à base de 75 g/ha d’Inatreq (fenpicoxamide) et de 150 g/ha de prothioco­nazole. Ce dernier a présenté des résultats similaires à la référence à 1,5 l/ha sur helminthosporiose et rhynchosporiose et légèrement supérieur vis-à-vis de la ramulariose.

À dose réduite, associé à Amistar ou Elatus Plus, il a été un peu en retrait sur les deux premiers pathogènes mais est en revanche « très légèrement à son avantage sur ramulariose ». L’Adepydin de Syngenta (APN04) est un nouveau SDHI attendu à partir de 2023. Sur les maladies de l’orge, les effica­cités à 2,65 l/ha et à 1,325 l/ha sont comparables aux références du marché sur helminthosporiose et rhynchosporiose.

« Il est en revanche excellent sur ramulariose, qui est difficile à contrôler depuis le retrait du chlorothalonil », commente Jean-Yves Maufras, chez Arvalis. Ces résultats sont cohérents avec ceux de 2018-2019 et con­firment le très fort intérêt de ce SDHI sur orge. Enfin, Pavecto 60 (métyltétrapole) de Philagro. Cet autre projet a confirmé d’excellents résultats dans les essais, déjà obtenus en 2019, sur helminthosporiose et ramulariose.

Ainsi, les essais d’Arvalis montrent qu’il existe de très bonnes solutions pour lutter contre les pathogènes sur orge d’hiver. Seule la ramulariose reste plus complexe à contrer. Or, comme l’incidence de la lutte agronomique et génétique (lire l’encadré) est quasi inefficace sur cette maladie, il faudra attendre l’arrivée de projets cités précédemment pour espérer une amélioration.

Une hausse brutale de la résistance aux QoI

Parallèlement, le réseau Performance orge (1) a constaté une évolution inquiétante de la résistance de l’helminthosporiose aux QoI (strobi­­lu­rines) avec en moyenne 67 % de parcelles concernées en 2020 (contre 32 % en 2019). « Or, les strobilurines étaient la solution pour faire face à la résistance aux SDHI », rappelle Claude Maumené, d’Arvalis. Vis-à-vis des SDHI, la situation change très peu, avec une lente évolution de la résistance concernant la principale mutation (C-G79R).

« Ce qui est nouveau, c’est que des mutations viennent s’ajouter ! » souligne le spé­cialiste­­. Dans ces conditions, Arvalis recommande pour 2021 d’être vigilant quant à l’emploi de mélanges triples IDM+SDHI+QoI. Dans une situation dominée par l’helmintho­sporiose, il sera préférable d’ajouter une strobilurine au triazole. En revanche, l’emploi de mélange triple devra être strictement limité aux variétés les plus sensibles et aux contextes maladies les plus sévères.

Les agriculteurs sont invités comme chaque année à diversifier les modes d’action et les molécules avec une strobilurine/ha/an, une seule application par saison de SDHI et une alternance des molécules dans le cas des triazoles.

Céline Fricotté

(1) Réseau animé par Arvalis auquel participent des chambre d’agriculture, des Ceta, des coopératives et des négoces.