Les oléiculteurs insulaires alertent l’opinion publique depuis quatre ans quant aux risques de l’arrivée de la Xylella fastidiosa en Corse, la bactérie souvent surnommée « la tueuse d’oliviers », qui a décimé les vergers des Pouilles, en Italie. Elle a été détectée sur l’île en juillet 2015, sur des plantes ornementales, sous sa forme « multiplex ». Ce printemps, des analyses ont révélé la présence de la bactérie sur des oliviers et des chênes corses.
« Cela fait plusieurs mois que nous voyons de vieux arbres qui dépérissent, ainsi que des zones entières de maquis s’apparentant à des territoires parcourus par le feu », indique Louis Cesari, oléiculteur et président délégué du syndicat interprofessionnel des oléiculteurs de Corse (Sidoc).
Un risque majeur de contamination
« Alors que deux mille analyses du laboratoire national de référence de l’Anses étaient toujours négatives, nous avons pris contact avec l’Inra d’Angers et nous avons envoyé des échantillons. Ces derniers se sont révélés positifs, mais il faut attendre quelques jours pour connaître exactement la souche », poursuit-il.
Le syndicat des oléiculteurs regrette que ses mises en garde n’aient pas été plus écoutées. « Il aurait été opportun de juguler les importations et favoriser la production locale de plants, affirme Louis Cesari. Or, si un arrêté préfectoral a bien été pris par l’ancien préfet, Christophe Mirmand, de nombreuses dérogations ont été accordées depuis. »
Soulignant qu’il y a « 10 000 hectares d’oliviers en Corse, 107 000 hectares de chênes verts et que l’oléastre (olivier sauvage) est une plante endémique du maquis corse, qui couvre plus de 300 000 hectares », le syndicat alerte sur le risque majeur de contamination. Les insectes vecteurs sont les cercopes et les cicadelles. Propriétaire d’une vingtaine d’hectares d’oliviers, Louis Cesari envisage déjà le pire. « J’observe des symptômes sur certains de mes arbres et n’exclus donc pas, hélas, un possible arrachage dans les deux ans à venir », confie-t-il. En effet, aucun remède ne permet actuellement de guérir les végétaux malades.