Endémique dans plusieurs parties du monde — notamment en Afrique — et installée dans les Pyrénées, la besnoitiose poursuit sa montée vers le nord et l’ouest de la France, sous l’influence du changement climatique. Elle est causée par le parasite Besnoitia besnoiti, qui est transmis par une piqûre d’insecte (taon ou stomoxe principalement). Les symptômes les plus courants sont les lésions cutanées, les œdèmes, la perte de poids et la fièvre.

Dans les départements français où seuls quelques foyers ont été identifiés, l’accent est mis sur le contrôle à l’achat de nouveaux animaux par des examens sérologiques systématiques, et sur la réforme rapide des animaux séropositifs. En effet, il n’y a ni vaccin ni traitement curatif efficace contre la besnoitiose.

Dans le sud-est de la France, la maladie est devenue endémique et constitue une menace pour la pérennité des races à petits effectifs comme l’abondance et la tarentaise. Ces dernières sont des piliers des cahiers des charges des filières fromagères AOP Abondance, Beaufort et Reblochon. En Savoie et en Haute-Savoie, la disponibilité limitée de femelles en lactation freine les éleveurs dans leur démarche d’assainissement des troupeaux. Le mélange des troupeaux l’été en alpage, la pension des génisses dans des départements extérieurs contaminés, et les réformes tardives compliquent la lutte.

Après avoir observé une grande variabilité des situations au sein des troupeaux infectés, le GDS et les organisations d’élevage des Savoies (1) ont décidé d’explorer la voie génétique, comme l’a fait avec succès la race prim’holstein face à la paratuberculose.

L’espoir d’un index

Lancé cet automne, le programme multipartenarial Besn’Alp doit permettre d’identifier des animaux restés séronégatifs malgré le contact avec le parasite, et de confirmer ou non l’existence d’un déterminisme génétique. Le taux de génotypage élevé dans les deux races (25 % des femelles) constitue un atout pour mener un tel programme, ainsi que l’existence d’une base de données de 60 000 tests sérologiques réalisés en dix ans sous l’égide du GDS.

Dans les élevages contaminés, un millier de sérologies supplémentaires ainsi que 250 analyses PCR cutanées vont être effectués. Ils permettront d’évaluer la concentration d’ADN de parasite et d’identifier les animaux « supercontaminateurs ». Ces données seront mises en relation avec le génotypage des animaux. Pendant deux ans, une vingtaine d’élevages de races abondance et tarentaise feront l’objet d’un suivi encore plus poussé.

Alors qu’une première étude préliminaire effectuée par Eliance (fédération des entreprises françaises de conseil en élevage) et Auriva (union de coopératives de reproduction du sud de la France) a attesté l’existence d’une héritabilité du statut séropositif dans les cheptels atteints, les premières observations issues de Besn’Alp devraient être communiquées à la mi-2025. La faisabilité d’un index de sensibilité à la besnoitiose sera alors plus facilement mesurable.

(1) Mis en place par le GDS des Savoies, EDS (Éleveurs des Savoies) et le Lidal, le programme est mené en collaboration avec Auriva-élevage, Eliance, France Génétique Élevage, l'Idele et l'Inrae.