A chaque utilisation d’antibiotique, des bactéries résistantes sont sélectionnées. « Certaines pratiques augmentent ce risque, et l’administration par voie orale en est une, car elle élimine aussi des microbes non pathogènes utiles de l’intestin, milieu où l’on a le plus de risques de voir apparaître des résistances », dit Bertrand Guin, du Groupement technique vétérinaire de Bourgogne Franche-Comté. L’administration tardive l’est aussi, d’où la nécessité d’intervenir précocement tout en s’assurant être en présence d’une maladie bactérienne et pouvoir atteindre le foyer infectieux.

Cinq étapes

En présence de diarrhées néonatales, la meilleure conduite consiste à faire d’abord un examen clinique complet de chaque veau, de la tête à la queue – et non l’inverse – et s’interroger : « Est-ce une urgence ? Suis-je capable de gérer cette diarrhée ? Dois-je faire appel au vétérinaire ? » Si plusieurs diarrhées se sont produites au cours des derniers jours, c’est le moment d’effectuer un prélèvement avant tout traitement, et de le conserver au frigo. Il pourra être utile à des fins d’analyse.

Le traitement passe par cinq étapes, l’administration d’une molécule n’intervenant qu’en dernier. En effet, 50 % des veaux de plus de sept jours guérissent sans antibiotique.

1re étape, le nursing. Le veau est surveillé. Il peut être mis au chaud sous une lampe.

2e étape : la réhydratation. Il faut lui donner à boire (pas forcément sous forme de perfusion), lui apporter de l’énergie et corriger les déséquilibres électrolytiques. La diarrhée entraîne une perte en eau, puis en sels minéraux (potassium, calcium, magnésium…). « Aujourd’hui, on ne coupe jamais le lait plus de douze heures, sauf sur un veau dont la caillette ne se vidange pas », précise Bertrand Guin. Parfois, un pansement intestinal peut suffire à rétablir un veau malade.

3e étape : administrer si besoin un anti-inflammatoire, dont l’intérêt est de lutter contre les toxines.

4e étape : administrer un antispasmodique pour calmer la douleur et réguler le transit (non systématique).

5e étape : selon le type de diarrhées, des antibiotiques peuvent être prescrits. Outre le choix du produit (spectre, efficacité, diffusion), il est essentiel de respecter la prescription (dose liée au poids de l’animal, durée de traitement). Malgré le coût, il est conseillé de réaliser une identification bactérienne et un antibiogramme pour ne pas utiliser un traitement inefficace.

Au-delà de sept jours, l’emploi d’antibiotique ne se justifie que selon l’état clinique (signes de septicémie tels que vaisseaux de la sphère oculaire congestionnés, hyperthermie…).

Pour limiter le recours aux antibiotiques, le mieux est de ne pas avoir de veaux malades. Cela passe par des mesures d’hygiène (intervention sur les animaux avec des mains propres ou des gants, nettoyage du matériel de vêlage, naissance du veau sur une litière propre, etc.), de bonnes pratiques d’élevage et des vaccinations préventives.