Après l’appel d’un éleveur relayé par la Coordination rurale et la Confédération paysanne, ce mardi 2 décembre 2025, dès 8 heures, des centaines de manifestants se sont réunis devant une ferme de Pouilley-Français (Doubs). Dans cette exploitation, un troupeau de 83 vaches va être abattu. Un recours devant le tribunal administratif n’aura pas changé le destin de ces bêtes, pourtant vaccinées contre la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

« C’était ultra-violent »

La mobilisation de ce mardi a été marquée par le fait que les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes dans la matinée afin d’évacuer des manifestants. « C’était ultra-violent », a dénoncé Stéphane Galais, porte-parole national de la Confédération paysanne présent sur place, rapporte l’AFP. « On ne supporte plus cette façon autoritaire de gérer les crises sanitaires ».

Dans un communiqué, la préfecture dénombre 300 manifestants et évoque « un dispositif de sécurité composé de 175 gendarmes ». Lundi 1er décembre au soir, Rémi Bastille, préfet du Doubs, avait pourtant interdit toute manifestation « aux abords de l’exploitation ». Ainsi, pour disperser les manifestants, les forces de l’ordre ont effectué un tir défensif de LBD face à des tracteurs en mouvement vers des gendarmes.

« Réduire le risque de propagation du virus » et « protéger la filière bovine »

« Même si la majorité des manifestants sont calmes et pacifistes, les forces de l’ordre ont dû procéder à deux interpellations, soulève la préfecture. Tout débordement sera sanctionné. » Dans son communiqué, le préfet du Doubs a tenu à « apporter son soutien à l’éleveur » qui va voir ses vaches envoyées à la mort. Le préfet indique que les mesures prescrites par les services de l’État ont pour but de « réduire le risque de propagation du virus et de protéger la filière bovine ».

Vendredi 28 novembre 2025, le premier cas de dermatose nodulaire contagieuse avait été détecté dans le Doubs, sur la commune de Pouilley-Français. Les bovins avaient bien été vaccinés contre la DNC mais une vache a été testée positive. En conséquence, les services de l’État ont décidé d’abattre tout le troupeau. La Coordination rurale et la Confédération paysanne ont donc saisi le tribunal administratif de Besançon.

Mardi 2 décembre 2025, en début d’après-midi, la justice a tranché. « Les deux recours en référé ont été rejetés, informe la préfecture. L’opération de dépeuplement du cheptel de Pouilley-Français est engagée. » Afin de permettre le bon déroulement des opérations, les forces de l’ordre sécurisent l’exploitation.

Dans son ordonnance, le tribunal précise que la « présence d’une bête contaminée démontre que la vaccination de l’ensemble du cheptel a été réalisée trop tardivement pour le prémunir de la dermatose nodulaire ». Céline Lhomme, l’épouse de l’exploitant, a pourtant déclaré plutôt à l’AFP que la vache en question allait « très bien ». Selon elle, les nodules qui sont apparus pourraient être liés à la vaccination de la vache.

« L’État ne prend pas toutes ses responsabilités pour protéger les éleveurs »

« Annie Genevard doit prendre ses responsabilités », affirme Edwige Peiffer, éleveuse dans le Jura, venue en soutien de la famille Lhomme. La famille d’exploitants agricoles évoque avoir demandé à la ministre de l’Agriculture d’intervenir. « Elle fait la sourde oreille, on n’a aucune nouvelle », a signalé Céline Lhomme à l’AFP.

En tant qu’éleveuse, Edwige Peiffer, présente à la mobilisation, dit « se mettre à la place » de la famille Lhomme. « Dans ce genre de situation, je suis à fleur de peau. Personnellement, je n’ai pas pu aller voir les vaches car j’ai pensé au fait que ce soir elles ne seraient plus là », explique l’agricultrice jurassienne.

« Va-t-on abattre des troupeaux encore longtemps ? », s’interroge Laurence Lyonnais, éleveuse de vaches laitières et porte-parole de la Confédération paysanne Doubs Territoire de Belfort. Selon la syndicaliste, « l’État ne prend pas toutes ses responsabilités pour protéger les éleveurs ».